La découverte de l’ADN et de ce génie du vivant a 70 ans !
Il y a 70 ans, le 25 avril 1953, l’américain James Watson et le britannique Francis Crick publiaient leur découverte sur la structure chimique de l’ADN qui allait bouleverser le monde de la génétique, de la biologie, de la médecine, de la généalogie… Ils ont obtenu le prix Nobel en 1962
Un mystère percé : le support de l’information génétique
Ces 3 lettres : ADN, sont l’abréviation d’Acide DésoxyriboNucléique. Il s’agit de la longue double chaîne de molécules en spirale qui compose les chromosomes.
A cette époque, les chromosomes étaient connus, leur rôle dans le support de l’hérédité pressenti, et une course contre la montre était lancée dans le monde de la recherche pour en percer les mystères. Il aura fallu le patient concours de nombreux travaux et chercheurs pour finalement aboutir à cette découverte, le 28 février 1953. L’une des plus grandioses de l’histoire des sciences biologiques.
Watson et Crick ont réussi à décrire l’ADN et sa structure en double hélice reliée par des sortes de marches d’escaliers grâce à ses 4 paires de bases : AT, GC, appariées deux par deux. Les molécules d’adénine et thymine d’une part, guanine et cytosine d’autre part.
Grace à cela, on comprenait enfin la réplication, et donc une part importante du génie du vivant : la manière dont l’information génétique se transmet de cellule à cellule et de génération en génération. Cette découverte a été le point de départ de très nombreuses autres ainsi que l’origine d’immenses progrès dans les domaines diagnostiques et thérapeutiques.
L’ADN est cette incroyable molécule qui détient l’information nécessaire pour déterminer les caractères de chaque organisme vivant. En seulement « 4 lettres », il est capable d’écrire l’ensemble du monde vivant et son immense diversité, tout en étant capable d’assurer une constance remarquable de la transmission des caractères de chaque espèce.
Il faut savoir que chacune des milliards de cellules qui nous constituent contient une molécule d’ADN de pas moins de 2 mètres de long ! La manière dont il s’enroule sur lui-même permet ce prodige. L’ADN est incontestablement l’une des pièces maitresses de la vie. Il compte beaucoup pour construire « qui on est ».
Mystère de l’être humain, mystères de l’épigénétique
Aujourd’hui, on sait séquencer le génome humain. Mais nous découvrons de plus en plus que nous ne sommes pas «la somme de nos gènes ». Petit à petit, la mise en évidence, notamment, de l’épigénétique, domaine de recherche en pleine expansion, est venue ouvrir la porte à la compréhension des mécanismes de régulation de l’expression des gènes. Pour l’expliquer d’une manière imagée, notre ADN est, pour chacun, comme une « partition » unique au monde et singulière. Elle est présente de manière identique dans chacune de nos cellules.
Mais cette partition n’est pas totalement figée. Notre ADN résonne avec notre vie (l’environnement, ce qu’on respire, mange, vit…) qui se charge d’y ajouter des bémols et des dièses dans une mystérieuse interprétation de l’épigénétique. Notre ADN n’écrit pas toute notre vie.
La science a permis de comprendre que l’activité des gènes est aussi modulée par des facteurs qui leur sont extérieurs, limitant toute idée d’un déterminisme génétique intégral.
Le génome humain : patrimoine de l’humanité
Dès 1997, l’Unesco reconnaissait que les recherches sur le génome humain et leurs applications ouvrent d’immenses perspectives d’amélioration de la santé des individus et de l’humanité tout entière, mais soulignait qu’elles doivent en même temps respecter pleinement la dignité, la liberté et les droits de l’homme, ainsi que l’interdiction de toute forme de discrimination fondée sur les caractéristiques génétiques.
Dans sa déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme de cette année-là, l’Unesco stipulait que le génome humain, dans un sens symbolique, est le patrimoine de l’humanité. Par ces termes, il voulait souligner la valeur exceptionnelle de ce qui doit être protégé et transmis aux générations futures. En réalité, c’est la dignité de l’homme et l’unité de la famille humaine qui confèrent au génome humain sa valeur exceptionnelle impliquant qu’il soit protégé de manière particulière. Et c’est l’humanité entière qui porte cette responsabilité particulière.
Nouveaux savoirs. Nouveaux pouvoirs. Nouveaux risques
Et cette responsabilité devient majeure. Comme toujours, de nouveaux savoirs confèrent aussi de nouveaux pouvoirs. Comme celui, par exemple, de pouvoir désormais trier les embryons humains, par les techniques dites de diagnostic pré-implantatoire. En 1978, Francis Crick donnait le ton en affirmant qu’« aucun enfant ne devrait être reconnu humain avant d’avoir passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique. S’il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie ». Le développement conjoint de la fécondation in vitro et des techniques d’analyse génétique et chromosomiques ont conduit à l’émergence et à l’expansion des sélections embryonnaires et à de nouvelles formes d’eugénisme technologique.
Près de vingt ans plus tard, en 2015, au vu de l’avancée des techniques de génie génétique, l’Unesco avait réaffirmé que le génome humain fait partie du patrimoine de l’humanité et alertait sur les techniques qui vont induire des modifications importantes du génome transmissibles aux générations futures, car elles risquent grandement de « mettre en péril la dignité inhérente et donc égale de tous les êtres humains et de faire renaître l’eugénisme, déguisé comme l’accomplissement du désir d’une vie améliorée ». *
En effet, c’est à ce moment-là qu’une autre grandiose découverte a été faite : celle d’une technique de modifications de l’ADN (CRISPR-Cas9), qui fut aussi l’objet d’un autre prix Nobel de chimie en 2020 pour les deux chercheuses qui l’ont mise au point : la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna. Une nouvelle méthode prometteuse et déjà source d’immenses progrès thérapeutiques dans le domaine de la thérapie génique. Une méthode dont l’usage est aussi porteur d’enjeux éthiques vertigineux si on l’applique sur les cellules germinales : gamètes, embryon aux premiers stades de son développement.
Si la découverte des mécanismes moléculaires de transmission de l’information génétique est prodigieuse, elle a consisté à percer les mystères de la vie telle qu’elle est. En revanche, la découverte de la modification du message du commencement de la vie est d’une autre nature : celle d’une technique mise au point par l’homme. Et comme toute technique, elle contient en elle-même ce qui peut modifier les usages, et par là même, les mentalités. En elle-même, elle est capable du meilleur (de nouveaux traitements thérapeutiques) et du pire : la création de « bébés sur mesure ». Ce n’est plus de la science-fiction, les bébés génétiquement modifiés sont déjà nés.
Ce sujet, comme celui de l’intelligence artificielle, obligent l’humanité à se demander vers où elle veut aller. Quel monde voulons-nous pour demain ? Il est fondamental que les immenses progrès technologiques s’accompagnent du progrès de l’être humain en responsabilité et en conscience. Pour que les découvertes scientifiques soient utilisées à bon escient et soient une occasion de croissance. Pour que la technique reste au service de l’homme, et non pas l’homme asservi par la technique.
Pour aller plus loin
- Prix Nobel pour CRISPR-Cas9 – 9 octobre 2020
- [CP] Alliance VITA réagit à l’annonce de deux enfants nés après modification génétique, en Chine – 26 novembre 2018
- Dossier – Recherche sur l’embryon – Alliance VITA
- CRISPR-Cas9 : La modification du génome humain en question
- Bioéthique et sens du progrès – Université de la vie 2020
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