Célébrée tous les ans le troisième lundi du mois d’octobre, la journée mondiale de lutte contre la douleur est soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui estime que « le traitement de la douleur et les soins palliatifs font partie intégrante du droit à jouir d’une bonne santé ». Selon l’association internationale pour l’étude de la douleur (IASP), une personne sur cinq souffre de douleurs chroniques, modérées à fortes, et la douleur rend une personne sur trois incapable, ou difficilement capable, de mener une vie indépendante. En outre, une personne sur quatre rapporte que la douleur perturbe ou détruit les relations avec sa famille et ses amis.
La science a fait d’énormes progrès en matière de traitements analgésiques. La culture médicale a progressivement pris au sérieux le soulagement indispensable des douleurs, en développant par exemple l’usage de la morphine, et en utilisant des grilles d’évaluation et d’auto-évaluation de la douleur.
Quant aux douleurs « morales », ces souffrances inhérentes aux épreuves de la vie, elles sont également mieux prises en compte, écoutées et accompagnées. C’est vital pour prévenir le drame du suicide.
On n’a donc jamais aussi bien lutté contre la douleur mais il reste des progrès à accomplir pour un égal accès à la prise en charge de la douleur et pour diffuser la culture palliative.
Cette année encore des hôpitaux et des associations se sont associés à cette journée à travers de multiples initiatives. Ainsi du centre hospitalier de Cahors qui a installé des stands dans son hall pour sensibiliser le public sur les différents types de douleurs et sur le travail quotidien des équipes soignantes pour les prendre en charge. Ou encore du Groupement des hôpitaux de l’Institut catholique de Lille qui a consacré toute la journée du 18 octobre à des sessions et des ateliers sur le thème « Douleur et Handicap ». Ou bien du Comité de lutte contre la douleur (CLUD) qui proposait différents stands au CHU de Reims le 17 octobre et notamment une présentation des différents outils d’évaluation de la douleur.
Réunissant professionnels de santé et citoyens, le collectif Soulager mais pas tuer parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, s’est également mobilisé le 18 octobre avec un mot d’ordre « Plus jamais seul face à la douleur » et un hashtag #toujoursenvie sur les réseaux sociaux.
Plusieurs centaines de volontaires sont ainsi allés à la rencontre des Français pour les sensibiliser, à la lutte contre la douleur, un enjeu d’humanité qui concerne toute la société.
Fondé en 2014, Soulager mais pas tuer combat à la fois l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie et le suicide assisté et plaide pour la généralisation d’une véritable culture palliative. Son parrain Philippe Pozzo di Borgo, qui a inspiré le personnage de François Cluzet dans le film Intouchable, témoignait ainsi dans un entretien publié sur le site Faire-face.fr en août dernier des douleurs neurologiques qui le font souffrir et que peu de traitement parviennent à soulager ; et il ajoutait : « Ce qui me motive, c’est d’être pleinement présent dans mon existence et de la partager dans le respect des autres. »
Atteinte d’une maladie neurodégénérative incurable, la porte-parole de l’association 100% vivants appartenant au collectif, se confie à La Croix. Caroline Brandicourt témoigne ainsi que pour elle « Le plus douloureux, c’est d’entendre qu’une vie n’est pas digne d’être vécue si l’on doit mettre des couches et qu’on ne peut plus bouger. C’est mon quotidien et cela ne m’empêche pas d’être heureuse. Je refuse qu’on nous oblige à choisir entre souffrir ou mourir. Il existe une troisième voie. Vivre sans souffrir, puisque la science le permet, pour revenir à l’essentiel : l’amour des autres. »
Alors que s’ouvre le débat sur la fin de vie, rappelons que l’euthanasie et le suicide assisté ne sont pas une fatalité et qu’apaiser les douleurs et déployer des soins palliatifs partout en France doivent être la priorité et l’affaire de tous.