Congélation des embryons, un risque plus important pour les grossesses

14/10/2022

La question de l’impact possible des méthodes de procréation artificielle, comme la fécondation in vitro (FIV) sur la grossesse et sur la santé de l’enfant à naître est régulièrement interrogée.

Concernant la santé de la femme enceinte, une revue spécialisée, Hypertension, vient de publier une étude sur le lien entre le risque d’hypertension artérielle et de prééclampsie pendant la grossesse et la congélation embryonnaire. Un risque sérieux qui peut mettre en péril la vie de la mère et de l’enfant.

Cette étude est basée sur les données médicales de plusieurs pays nordiques (Danemark, Norvège et Suède) sur une période de 27 ans. Elle inclut un nombre considérable de grossesses : 4,5 millions, parmi lesquelles, 4,4 millions de grossesses survenues naturellement au sein des couples, 18 000 après des fécondations in vitro incluant l’étape de congélation embryonnaire et 78 000 après FIV mais sans congélation – les embryons dits frais ayant été implantés peu de temps après la fécondation.

Il apparaît que le risque de complications de la grossesse liées à l’hypertension artérielle est plus élevé après un transfert d’embryons congelés (7.4%) que lors de grossesses naturelles (4,3%). Ce risque après transfert d’embryon frais (5,9%) est plus proche de celui des grossesses conçues naturellement.

Les données montrent également que les grossesses après FIV seraient plus fréquemment prématurées : 6,6 % pour les FIV avec embryons congelés et 8,1 % avec embryons frais par rapport aux grossesses conçues naturellement (5%).

Ces données vont dans le même sens qu’une étude française de 2021, menée sur 70 000 grossesses qui révélait également un risque plus élevé de prééclampsie et d’hypertension artérielle lors de transferts d’embryons congelés.

Pour le principal auteur de l’étude, le Dr Sindre H. Petersen, titulaire d’un doctorat à l’Université norvégienne des sciences et de la technologie de Trondheim : « Nos résultats soulignent qu’un examen attentif de tous les avantages et des risques potentiels est nécessaire avant de congeler tous les embryons en routine dans la pratique clinique. » En effet, cette pratique est de plus en plus courante dans le monde entier. Certains médecins ne font même plus de transfert d’embryons frais et congèlent systématiquement tous les embryons, ce qu’on appelle l’approche « freeze-all », déplore le Dr Petersen.

En revanche, le lien de cause à effet entre congélation et hypertension n’est pas clairement identifié ni identifiable par l’étude mise en place. D’après des spécialistes, cela pourrait être lié aux protocoles de préparation de l’utérus au transfert de l’embryon qui peinent à mimer ce qui se passe dans une grossesse naturelle, en particulier avec le développement du corps jaune, produisant de la progestérone, une hormone nécessaire au bon déroulement de la grossesse. Pour le Dr Aimee Eyvazzadeh, endocrinologue de la reproduction basée à San Francisco, interrogée par CNN : « Il y a une chose qui n’est pas claire : cela vient-il de la procédure même de congélation de l’embryon ou du protocole utilisé ? La plupart des médecins spécialistes de la FIV pensent, sur la base d’études et de preuves récentes, qu’il s’agit en fait du protocole médicamenteux, et non de la procédure de FIV« . Pour elle, « cette nouvelle étude est très importante. Toute personne s’occupant de personnes enceintes après une FIV devrait prêter une attention extrême à cette étude. De plus en plus d’études montrent ce que les médecins spécialistes de la FIV savent déjà, à savoir que la FIV après un transfert d’embryons congelés peut augmenter le risque de pré-éclampsie« .

En effet, ces risques sont connus, plus encore lorsque l’embryon est issu de l’ovocyte d’une autre femme, comme dans le cas des FIV avec don d’ovocyte et dans les gestations par autrui.

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