L’état de santé en France : une photographie pour 2022

29/09/2022

L’état de santé en France : une photographie pour 2022

 

La DREES, Direction de la Recherche des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques, vient de publier un rapport annuel sur l’état de santé de la population en France. La synthèse présentée au début du dossier met en avant « une évolution contrastée parcourue par de fortes inégalités« .

Le vieillissement et son impact

Le premier constat du rapport porte sur le phénomène bien connu du vieillissement de la population. Les personnes âgées de plus de 75 ans représentent 9% de la population, contre 4.3% en 1960. Les projections démographiques situent ce pourcentage à 13% en 2032 et 16% en 2052. Ces personnes sont davantage sujettes à des pathologies chroniques ou des poly-pathologies. 91% de ces personnes ont au moins une pathologie ou un traitement chronique. La consommation de psychotropes est plus élevée : 27% de ces personnes y ont eu recours, contre 9% de la population générale.

Les maladies de type Alzheimer sont un sujet important de santé publique : 760.000 personnes ont été identifiées comme atteintes de MAAD (Maladie d’Alzheimer et autres démences), avec des difficultés à la fois pour elles et leur entourage.

Au total, le vieillissement de la population est donc source de besoins supplémentaires dans le système de soins, alors que celui-ci connait des tensions importantes.

 Ambiguïté de la notion d’ »espérance de vie » sans incapacité

Le rapport consacre une page à l’espérance de vie (EV) et le concept d’espérance de vie sans incapacité (EVSI). L’espérance de vie à la naissance est en constante augmentation, mais sa progression est moins rapide ces dernières années. En 2021, elle atteint 85.4 ans pour les femmes et 79.3 ans pour les hommes, un écart qui a tendance à se réduire sur les dernières années.

L’espérance de vie sans incapacité, aussi appelée espérance de vie en bonne santé, « évalue, à la naissance, le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, compte tenu des conditions sanitaires du moment« .

En France, elle est estimée à 65.9 ans pour les femmes et 64.4 ans pour les hommes. Il est important de noter que si l’espérance de vie se calcule à partir de données démographiques sur l’ensemble de la population, l’espérance de vie en bonne santé est produite à partir d’une enquête sur la base des réponses données à la question : « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé dans les activités que les gens font habituellement ? « 

Les réponses possibles sont :

  1. oui, fortement limité(e) ;
  2. oui, limité(e) mais pas fortement ;
  3. 3. non, pas limité(e) du tout ».

La méthodologie précise que « seules les personnes qui ne déclarent aucune limitation sont considérées comme en bonne santé ». Cet indicateur fait partie des indicateurs de richesse nationale de l’INSEE. La présentation cite un directeur général de l’OMS, le Dr Hiroshi Nakajima, qui déclarait en 1997: « sans la qualité de la vie, une longévité accrue ne présente guère d’intérêt (…) l’espérance de santé est plus importante que l’espérance de vie ».

Si l’importance d’une bonne santé est indéniable, il serait dommageable de ne regarder les difficultés liées au vieillissement que sous l’angle d’une incapacité. La sagesse des anciens et leur apport à notre société ne doivent pas être occultés par des indicateurs statistiques dont la construction est par ailleurs fragile, puisque dépendant de la notion subjective d’une limitation des activités.

 

Inégalités sociales et territoriales

Le rapport détaille de nombreux exemples de disparités et d’inégalités dans l’état de santé des Français. Ainsi, la mortalité pour les décès dus au cancer est plus forte dans le Nord et le Nord Est de la France. Le niveau de CSP (catégorie socio-professionnelle) a un impact sur l’espérance de vie : à partir de 35 ans, un cadre homme vit en moyenne 6 ans de plus qu’un ouvrier. Pour certaines maladies chroniques, type diabète, et les maladies psychiatriques, on observe des surrisques importants entre les catégories les moins aisées et les plus aisées.

Par exemple les 10% de la population les plus modestes sont 2.8 fois plus atteints de diabète que les 10% de la population les plus aisés.

Concernant la COVID 19, la proportion de personnes hospitalisées décroit avec le niveau de vie de ces personnes. Si la tendance à la sédentarité est générale dans la population, l’obésité concerne davantage les personnes à faible niveau de vie. Le rapport indique que « 17 % des individus dont le niveau de vie est inférieur au premier quart de la distribution sont obèses contre 10 % pour ceux dont le niveau de vie appartient au quartile de niveau de vie supérieur ».

La participation aux dépistages présente aussi des écarts entre catégories sociales. Concernant l’avortement, le rapport confirme les données précédentes indiquant que les femmes au niveau de vie les plus faibles y ont davantage recours. Enfin, il faut noter que les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM) sont particulièrement touchés par beaucoup des inégalités analysées dans le rapport.

Au total, cette photographie détaillée de la DREES de l’état de santé de la population française confirme la nécessité voire l’urgence d’améliorer le système de santé actuel pour une meilleure prise en charge de toute la population. En particulier, prévoir les besoins de soins des personnes âgées est majeur pour les années à venir, au rebours d’une logique de rationnement de soins.

 

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