Mercredi 09 février, France 2 a consacré sa soirée au thème de la GPA : un téléfilm issu du livre de Marc-Olivier Fogiel, un plateau-débat et un documentaire qui recueillait des paroles d’enfants.
Le téléfilm aborde beaucoup des questions soulevées par cette pratique : situations d’infécondité, désir d’enfant, motivations des parties prenantes, étapes du “processus”, tensions psychologiques, questionnement éthique et regard des autres.
Construit comme un plaidoyer, le scénario se finit en happy end. Et comment ne pas se laisser toucher par la joie des enfants, leur innocence et leur spontanéité, dans la scène finale de grande réunion de famille, avec les deux couples qui ont eu recours à la GPA entourés de leurs familles, où seule manque une grand-mère qui était “contre”, marginalisée de fait par ses convictions.
Le scénario laisse entrevoir des difficultés vécues : désapprobation ou incompréhensions de certains, hauts et bas de ceux qui se lancent dans ce processus, risque lié à la technique de procréation (les embryons qui ne “tiennent pas”, un stock de sperme épuisé ! ).
Un fil rouge guide clairement ce plaidoyer : c’est pour répondre à un désir d’enfant, c’est pour l’amour au fond, et les mères porteuses sont des donneuses exemplaires. L’altruisme au service d’un beau projet : avoir un enfant.
Cette fiction n’arrive cependant pas à masquer les questions posées par cette pratique.
Ainsi de l’emprise créée par cette situation sur le corps de la mère porteuse, dans une scène où la femme commanditaire lui reproche d’avoir eu une relation intime avec son mari à la veille de l’insémination artificielle.
Ainsi de l’omniprésence de l’écran, outil de relations mais aussi de surveillance à toute les étapes de la grossesse.
Ainsi de l’effacement de l’intimité, au profit de la technique et de l’ambiance de groupe, comme dans la scène où “l’équipe de parents” (sic) assistent à l’accouchement.
Presque absentes aussi, les questions relatives à la contractualisation. Aucun détail n’est donné sur les contraintes pesant sur la mère portant l’enfant. Et ce thème est peu abordé durant le débat. L’argent est présenté comme une contrainte (il faut en trouver, « ça coute cher la GPA »), mais pas comme ce qu’il est réellement dans le processus de la GPA : un moyen au service d’une marchandisation de l’humain.
Sur le plateau débat, les partisans et acteurs de la GPA parlent de l’argent comme un dédommagement de la mère porteuse, sans s’interroger sur le dommage qu’il vient compenser. Une des participantes a présenté la partie payée en sus de ce “dédommagement” comme ce qui assure que la GPA est “éthique”. Une éthique soumise à la loi de l’offre et de la demande, car les prix de GPA varient en fonction des pays, cette perspective ne devrait rassurer personne.
Dans le débat, le déséquilibre est notable : 4 participants “pour”, une seule “contre”, dont on peut saluer le courage, et un animateur sympathisant de cette évolution de progrès. Peu abordé également, le fait que la GPA programme un acte d’abandon.
Enfin le rapport à la loi des acteurs de la GPA n’est quasiment pas interrogé.
Si le progrès, c’est de faire du désir individuel une loi pour les autres, même dédommagés, le risque n’est pas mince que la juxtaposition des désirs crée beaucoup de conflits et non l’harmonie heureuse que cette fiction tente de nous vendre.
Face à l’absence de diversité des points de vue sur une pratique interdite en France et qui viole gravement le droit des femmes et des enfants, Alliance VITA a déposé un signalement auprès du CSA.