Droits fondamentaux pour les singes : un canton suisse vote « non »
Les électeurs suisses étaient convoqués aux urnes dimanche dernier. Au plan fédéral suisse, la question de l’interdiction des expérimentations animales, parmi d’autres questions soumises à ce processus de référendum, a été tranchée par un « non » à 79.1%.
Au plan cantonal, les électeurs de la ville de Bâle devaient se prononcer sur l’inscription de droits fondamentaux pour les singes dans la Constitution cantonale. Dans le langage anti-spéciste, on parle d’ailleurs de « primates non-humains » plutôt que de singes, afin d’affirmer une continuité entre l’espèce humaine et les autres espèces. « Animaux non humains » est une autre expression anti-spéciste.
Parmi les droits réclamés pour ces singes, le droit à la vie et à l’intégrité physique et psychique. Ce projet était porté par l’association Sentience.
La notion de sentience est centrale dans la philosophie portée par les militants anti-spécistes. Le critère de la capacité de souffrir définit en effet la condition qui permet d’accéder au statut moral, donc au statut de la personne. Dans un texte célèbre, Jeremy Bentham, philosophe et juriste anglais conséquentialiste et utilitariste du XVIII° siècle écrit ainsi: » Quel autre critère devrait tracer la ligne infranchissable ?
Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adulte est, au-delà de toute comparaison, un animal plus raisonnable, mais aussi plus susceptible de relations sociales, qu’un nourrisson d’un jour ou d’une semaine, ou même d’un mois. Mais supposons que la situation ait été différente, qu’en résulterait-il ? La question n’est pas “peuvent-ils raisonner ?”, ni “peuvent-ils parler ?”, mais “peuvent-ils souffrir ?”.
La question d’accorder des droits fondamentaux dont le droit à la vie vient interroger la pratique d’euthanasier les animaux, et place ceux qui s’en occupent devant des futurs dilemmes juridiques. Interrogé par la presse, le directeur du zoo de Bâle soulignait : « Si deux animaux se battent et que l’un d’eux est gravement blessé par exemple, l’animal devra souffrir car avec cette initiative, on doit accorder le droit à la vie« .
Ainsi, indirectement, ce débat met en lumière le lien étroit entre droit à la vie et interdiction de l’euthanasie. De plus, l’importance accordée au fait de sentir souligne le lien étroit entre vivre et la possibilité de souffrir, la grandeur de l’humain se manifestant alors par la sollicitude et le soin, ainsi que la capacité à développer des techniques très avancées pour permettre la guérison de nombreux malades.
C’est un point qui nous sépare clairement des autres espèces et rappelle que l’euthanasie appliquée à des animaux n’est pas du même ordre que celle qui est pratiquée sur des humains.
A court terme, la question des droits a été tranchée par les électeurs de ce canton : 74.7% des électeurs ont voté « non » à cette demande de droit fondamental pour les singes.
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