« Bien vieillir » : un nouveau rapport se penche sur la situation française
L’Institut Montaigne a récemment publié un rapport intitulé « Bien vieillir, faire mûrir nos ambitions », ainsi qu’un résumé présentant 12 propositions, axées sur les questions économiques et sociales (prévention de la perte d’autonomie, vivre en meilleure santé, formation des employés de ce secteur…).
Le rapport s’articule sur 3 parties :
- tout d’abord le constat d’un défi « inédit » de vieillissement auquel la société française se trouve confrontée, aujourd’hui et dans les années à venir.
- un retour sur ce que la crise sanitaire a mis davantage en lumière : le manque d’adaptation de notre société à son vieillissement, un isolement accentué, une approche curative plus que préventive, et l’inefficacité de certaines mesures sociales ou de santé.
- la troisième partie, intitulée « Pour une stratégie ambitieuse d’accélération du bien vieillir à horizon 2030 », détaille les 12 propositions du rapport.
La préface souligne la nécessité d’un changement de regard par le choix de son titre : « Les seniors, une chance pour notre société » et appelle à une politique plus inclusive pour nos concitoyens âgés. Elle appelle aussi à une reprise « de toute urgence » des travaux sur la loi « Grand âge et autonomie ». Alliance Vita avait souligné cette urgence lors des débats sur l’euthanasie.
Ce dossier rappelle l’existence d’un rapport, dès 1962, sur ce sujet crucial du vieillissement et note l’abondante littérature qui l’aborde sous tous les angles (sanitaires, économiques, sociaux…). Mais il pointe également deux difficultés majeures : la vision véhiculée est trop souvent celle du vieillissement “comme un fardeau” pour la société, et l’absence de stratégie concrète et ambitieuse.
Dans la première partie, le rapport souligne le phénomène inédit de vieillissement, à l’échelle mondiale, lié au bouleversement démographique du siècle précédent. La part des plus de 65 ans dans la population française atteint 20,1% de la population totale, au huitième rang au sein de l’OCDE, et les projections indiquent qu’en 2050, le pourcentage aura dépassé 25%.
Sous l’angle économique, le rapport note l’importance des dépenses de santé et des soins longue durée (2,4% du PIB en France) : la perte d’autonomie, se manifestant souvent autour de 75 ans, cette part de dépense est amenée à monter. Le rapport note l’échec des politiques de cadrage budgétaire strict (Pays-Bas) ou de mise en concurrence des acteurs du secteur privé (Suède) pour prôner une politique fondée sur la prévention de la perte d’autonomie.
Cette politique, sous le label de « bien vieillir » comporte 4 axes :
- prévenir efficacement la perte d’autonomie,
- proposer un accompagnement de la perte d’autonomie centré sur les intérêts des aînés,
- mobiliser des nouvelles technologies pour identifier les besoins et surveiller l’évolution de la perte d’autonomie,
- lutter contre l’isolement social.
Le rapport s’attache à montrer la contribution importante des « seniors » dans la vie du pays : 63% des maires, 40% des conseillers généraux ont plus de 60 ans. 50% des responsables associatifs sont des retraités. Il note aussi l’importance des solidarités intergénérationnelles : garde des petits enfants, transferts monétaires, donations, et rôle d’aidants auprès des personnes très âgées …
La partie « Prévention de la perte d’autonomie » rappelle la volonté politique affichée ( Plan français Bien vieillir 2007-2009, démarche ICOPE de l’OMS…), mais aussi les difficultés à traduire cette volonté dans la réalité. Le rapport cite l’éparpillement des acteurs, le manque de coordination des soins et une approche trop centrée sur le médical au détriment du social et du domicile.
La crise sanitaire liée à la Covid 19 a appuyé sur les difficultés auxquels les « seniors » sont confrontés : 79% des décès sont dans la tranche d’âge au-dessus de 75 ans, et 14% dans la tranche 65-74 ans. Le rôle des comorbidités « révèle en creux la nécessité d’une politique de prévention entièrement revue ».
L’isolement des personnes âgés, déjà révélé lors de l’épisode de la canicule en 2003, reste un problème, en ville comme dans les zones peu peuplées. Le confinement a bien sûr accentué ce phénomène. Les Petits Frères des pauvres ont publié, en juin 2020, une enquête selon laquelle 900 000 seniors sont isolés à la fois du cercle familial et amical, et 300 000 personnes sont en situation de « mort sociale ».
Enfin, le rapport détaille ses 12 propositions sur 4 axes :
- valoriser la contribution des seniors à la société,
- vivre mieux chez soi et plus longtemps,
- vivre en meilleure santé et prévenir la perte d’autonomie, et
- adapter notre économie pour mieux répondre aux enjeux du vieillissement.
La conclusion est essentiellement consacrée au financement de ces politiques. Part des financements privés, assurance dépendance financée par des prêts viagers, décôte sur les retraites… plusieurs mesures sont évoquées.
Le rapport termine sur un appel à débattre publiquement de ce sujet lors de l’élection présidentielle 2022 « afin de bâtir un projet de société ambitieux reposant sur la solidarité intergénérationnelle ».
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