Les fausses couches sont fréquentes, elles concernent environ 15% du total des grossesses et touchent une femme sur dix, au cours de sa vie. Environ 23 millions par an dans le monde se produisent, ce qui correspond à 44 fausses couches par minute.
Malgré cela, leur impact et leurs conséquences sont encore trop sous-estimées, minimisées. C’est la conclusion d’une série de 3 études publiées par The Lancet qui remet en question nombre de fausses idées et plaide pour une meilleure prise en charge globale. « De nombreuses femmes se plaignent du manque d’empathie avec lequel elles sont prises en charge après une fausse couche : certaines ne reçoivent aucune explication, et le seul conseil qu’on leur donne c’est de réessayer » déplore le Pr Siobhan Quenby, co-auteur de l’étude.
Les recherches s’étalent sur les 20 dernières années. Le premier des trois rapports étudie l’épidémiologie et les impacts psychologique, physique et économique des fausses couches. Le second s’est concentré sur la démonstration de l’importance et de l’efficacité des soins à apporter, et le dernier insiste sur les cas particuliers des fausses couches à répétition.
Les auteurs rappellent que les fausses couches sont souvent vécues dans une certaine solitude, que les femmes et leur conjoint croient souvent devoir se débrouiller seuls et se sentent parfois coupables. Nombre d’idées fausses perdurent : celles que les fausses couches seraient inévitables, qu’il serait nécessaire de devoir en traverser plusieurs avant d’investiguer…
La série présente les facteurs de risque identifiés : les antécédents de fausse couche, l’âge des femmes (moins de 20 ans et plus de 35 ans), et, dans une moindre mesure, des hommes (après 40 ans), l’indice de masse corporelle, très faible ou très élevé, l’alcool, le tabagisme, la pollution de l’air, les pesticides, le stress persistant et le travail de nuit…
Concernant les grossesses suivantes, l’étude montre que la plupart des femmes ayant vécu une fausse couche portent ensuite leur bébé à terme sans complications. Cependant, elle montre aussi qu’il existe un risque plus élevé d’accouchement prématuré, de retard de croissance fœtale et d’autres complications obstétricales lors des grossesses ultérieures. Pour la santé des femmes, une fausse couche antérieure est également associée à un risque plus élevé à long terme, cela concerne par exemple les maladies cardiovasculaires mais aussi les complications psychologiques : risque d’anxiété, de dépression, de trouble de stress post-traumatique. Le rapport aborde aussi la prise en charge obstétricale des fausses couches et les stratégies de prévention.
Forts de ces travaux, les auteurs plaident pour une meilleure prise en charge globale des fausses couches mais aussi des grossesses ultérieures. Enfin, les auteurs plaident pour un échange de données entre pays, pour faciliter la comparaison, associer la recherche, améliorer la prise en charge des patients et la considération politique de ces données.