Le Parlement portugais a programmé d’examiner et de voter une loi sur l’euthanasie le vendredi 29 janvier 2021, alors que le service national de santé fait face à une « situation de catastrophe » et que le Portugal étudie la possibilité de faire appel à l’aide européenne pour renforcer l’assistance sanitaire.
Le 20 février 2020, cinq propositions de loi sur l’euthanasie émanant de plusieurs partis de gauche avaient été adoptées en première lecture au parlement et devaient être réunies en un seul texte pour continuer l’examen. Une tentative semblable avait échoué en mai 2018. Un sondage publié quelques jours avant le vote en 2018 révélait qu’une minorité de la population portugaise était favorable à l’euthanasie (seulement 7%). 89% des personnes interrogées affichaient une préférence pour les soins palliatifs et l’accompagnement en cas de maladie grave.
Le 23 octobre dernier, la majorité de gauche au Parlement portugais a rejeté un projet de référendum sur l’euthanasie, qui avait recueilli plus de 95 000 signatures. Ce rejet est un signe inquiétant du passage en force d’une loi qui est loin d’avoir l’aval de la population.
Confiné depuis le 15 janvier, le Portugal fait face à une crise sanitaire sans précédent. Le Portugal connaît un record de taux de mortalité lié à la Covid : « Le pays de 10,3 millions d’habitants est l’un des plus frappés en Europe par le rebond de la pandémie, avec une incidence de 849 cas pour 100.000 habitants la semaine dernière, qui ne cesse de croître de façon vertigineuse » souligne Les Echos dans un article daté du 27 janvier 2021. Les témoignages des soignants se multiplient, dénonçant la situation du service de santé. Le député et médecin Ricardo Baptista Leite, qui intervient en tant que volontaire à l’hôpital de Caiscais, proche de Lisbonne, témoigne d’une situation de guerre dans une vidéo postée sur Facebook le 19 janvier dernier « On ne parvient pas à accompagner tous les malades en même temps. On fait des choix tellement difficiles sur celui qui a le plus de probabilités de mourir, quoi que l’on fasse. Il est terrible de voir des équipes de médecins forcées à choisir quels sont les malades avec plus de probabilité de vivre, afin de pouvoir les assumer comme prioritaires. »
A la crise sanitaire actuelle s’ajoute le sous-développement des soins palliatifs : 70% des Portugais qui pourraient en bénéficier n’y ont pas accès.
Le mouvement citoyen Stop Eutanásia a lancé une campagne Humanizar Portugal, alertant sur l’urgence de soins adaptés et d’accompagnement des personnes fragilisées en fin de vie, et contre la violence et l’inhumanité de l’euthanasie.
Face à l’indécence de forcer une loi sur l’euthanasie dans ces conditions, alors que les soignants et la population se battent pour sauver des vies, Alliance VITA appelle les parlementaires portugais à un sursaut d’humanité en rejetant ce texte.
Mise à jour du 29 janvier 2021
Le Parlement portugais a adopté une loi autorisant « la mort médicalement assistée ». Après l’adoption par le Parlement, le texte va être envoyé au président Marcelo Rebelo de Sousa. Pour éviter de promulguer cette loi controversée, il pourrait la soumettre à l’analyse de la Cour constitutionnelle ou y mettre son véto. Ce dernier pourrait être annulé, ce qui nécessiterait un deuxième vote des députés.