Trafic d’enfants et adoptions illégales
Deux révélations de trafics d’enfants ces dernières semaines rappellent la nécessité d’une vigilance extrême partout dans le monde.
Trafic d’enfants au Kenya
L’un de ces trafics d’enfants se situe au Kenya : une enquête diffusée par la BBC, « Ces bébés en vente sur le marché noir à Nairobi », avec le premier épisode sorti en novembre 2020 a révélé l’existence d’un immense trafic d’enfants.
Le réalisateur Peter Murimi, co-auteur de l’enquête avec Joel Gunter et Tom Watson, ont été interpellés par des annonces parues en 2019 dans les journaux locaux sur des disparitions d’enfants. Ils révèlent que des femmes en difficulté financière sont conduites à vendre leur bébé ou se les font voler. Les nourrissons sont ensuite revendus par des intermédiaires à des couples en espérance d’enfant ; ou encore, ce qui fait froid dans le dos, à des personnes qui organisent des rituels de sacrifices d’enfants.
Ce marché fonctionne bien car la pression exercée sur les femmes pour être mères est très importante dans ce pays. C’est ce qu’explique Maryana Munyendo, directrice de l’association Missing child : “Nous sommes africains, notre culture veut que tu aies un enfant pour qu’un mariage fonctionne, de préférence un garçon. Sinon, tu retournes au village et on te traite de planche de bois sec, alors qu’est-ce que tu fais pour sauver ton mariage ? Tu voles un enfant.” Parfois même, des personnes tout aussi vulnérables volent des nourrissons pour les revendre à leur tour.
Toutes les formalités administratives pour commettre ces exactions sont organisées dans des établissements hospitaliers, notamment la délivrance de faux certificats de naissance. Le documentaire a révélé que « Les policiers ont noté avec beaucoup de préoccupation que des hôpitaux publics locaux, des foyers pour enfants de Nairobi et des officiers médicaux supérieurs, en collusion avec les passeurs d’enfants, sont impliqués ».
Sept personnes ont déjà été poursuivies pour trafic d’enfants à la suite de la diffusion du premier épisode, le 15 novembre 2020. Le ministère du travail et de la protection sociale du Kenya a annoncé, la veille de la diffusion du documentaire, qu’il allait prendre des mesures sévères contre ce trafic inhumain. Pour certains intervenants interrogés dans ce reportage, cela n’est qu’un effet d’annonce, car le gouvernement est au courant depuis bien longtemps de ces faits et n’est jamais intervenu jusque-là.
Adoptions litigieuses en Suisse
L’autre situation concerne la Suisse, à l’occasion d’excuses publiques du gouvernement pour avoir trop longtemps ignoré des adoptions d’enfants litigieuses..
La conseillère fédérale Karin Keller Sutter a présenté ses excuses, le 14 décembre dernier, au nom du Conseil fédéral pour les adoptions litigieuses de 900 enfants Sri Lankais entre 1973 et 1997.
Ces adoptions étaient pour la plupart illégales, parfois avec des enfants issus de « fermes à bébés » au sein desquelles des femmes autochtones s’accouplaient avec des hommes blancs afin que leur progéniture naisse avec une couleur de peau plus claire. Quelquefois les bébés étaient donnés sans le consentement de leurs parents biologiques. Les avocats intermédiaires, quant à eux, touchaient des honoraires élevés, alors que les mères Sri lankaises ne recevaient, pour monnaie d’échange, que quelques dollars et parfois même une simple bouteille thermos. (Dépêche AFP du 14/12/2020)
Une ancienne conseillère avait ouvert une enquête, en 2017, sur des adoptions ayant eu lieu dans les années 1980 et un premier rapport en a été tiré en février dressant ce constat. Il dénonçait également l’absence de réaction ferme et la lenteur de la Confédération et des cantons face un nombre important d’indices pour mettre fin à ce type d’adoption.
Le Conseil fédéral, après avoir reconnu la souffrance des personnes concernées, a annoncé la mise en place d’un groupe de travail composé des cantons, des représentants de la Confédération et des personnes adoptées à la recherche de leurs origines.
Le système Fédéral Suisse peut être une cause de cette mauvaise gestion car les modalités d’adoptions varient beaucoup en fonction du canton, l’adoption n’étant pas centralisée.
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