Campagne pour le don de gamètes : où est l’intérêt de l’enfant ?
L’Agence de la biomédecine (ABM) a lancé une nouvelle campagne nationale pour inciter les Français à donner leurs gamètes, s’appuyant sur un argument « marketing » qui porte préjudice à l’intérêt de l’enfant.
Selon l’ABM, malgré les 38% de hausse du nombre de donneurs entre 2015 et 2016, cela n’est pas suffisant pour répondre aux 5 000 demandes de couples infertiles à l’heure actuelle.
Cette tendance est vouée à perdurer car le projet de loi bioéthique actuellement en discussion prévoit une levée de l’anonymat du donneur « toute personne conçue grâce à un don de gamètes pourra accéder, dès sa majorité, à des informations dites « non identifiantes », telles que l’âge, la situation professionnelle ou le pays de naissance de son donneur, ainsi qu’à l’identité. En cas de refus des donneurs de communiquer de telles informations, ils ne pourront procéder au don. ».
Les donneurs seront dorénavant confrontés à leurs responsabilités vis-à-vis de l’enfant conçu à l’aide de leurs gamètes et cela pourrait avoir une incidence sur les dons.
Le slogan de la campagne, qui se déroule entre le 16 novembre et le 6 décembre 2020, fait du donneur potentiel, un héros généreux : « faire un don, c’est donner à des milliers de personnes l’espoir de devenir parents »… Toutefois, le dossier de presse de cette campagne explique, parmi les raisons de donner, le fait que « jusqu’à la promulgation de la nouvelle loi de bioéthique, actuellement en discussion au Parlement, c’est le cadre actuel de la loi qui continue de s’appliquer pour le don de gamètes. »
Cela est en réalité une injonction à donner le plus rapidement possible ses gamètes avant que la loi ne soit votée. L’intérêt supérieur de l’enfant passe clairement derrière celui des adultes.
Le prochain basculement qui apparaît en filigrane est celui de la marchandisation des gamètes pointés par des observateurs des évolutions bioéthiques. Une nette hausse des PMA avec donneurs se profilera si cette pratique s’étend à des femmes seules ou à deux. En Belgique, où cette pratique est autorisée et où le don est, comme en France, gratuit, les banques de sperme sont en manque de dons : elles doivent se fournir auprès de banques de sperme payantes danoises pour 80 % des demandes.
Ce marché se nourrit de l’industrialisation des modes de procréation. Il considère les femmes et les hommes comme des fournisseurs de matières premières – ovocytes, sperme,– pour fabriquer des enfants sur commande.
Un pas de plus a été franchi cet été avec l’adoption d’un amendement au projet de loi bioéthique ouvrant la collecte et la conservation des gamètes humains à des établissements lucratifs. Les Sénateurs sont maintenant en première ligne pour rejeter cette nouvelle forme de marchandisation humaine.
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