Avec 232 000 avortements (versus 224 300 en 2018), l’année 2019 a connu son niveau le plus haut en France selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) qui publie chaque année les statistiques sur les interruptions volontaires de grossesse.
Publiée le 24 septembre 2020, l’étude révèle que le taux d’avortement atteint 16,1 (nombre d’IVG pour 1 000 femmes en âge de procréer), alors qu’il est autour de 7 en Allemagne. Cette tendance à la hausse est confirmée depuis 1995.
De fortes disparités apparaissent selon les lieux d’habitation, qui peuvent varier du simple au triple. En France métropolitaine, c’est la région PACA qui connaît le plus fort taux (22,7). Plus élevés dans les départements et territoires d’outre-mer, ces taux dépassent 39 pour 1000 en Guadeloupe et en Guyane.
Fait marquant de ces dernières années, le nombre de naissances diminue, alors que le nombre d’avortements augmente.
Si les plus forts taux d’avortement demeurent dans la tranche des 20-29 ans, l’étude note que les femmes trentenaires ont davantage recours à l’IVG depuis les années 2010. À l’inverse, le taux de recours diminue chez les femmes de moins de 20 ans : chez les jeunes filles de 15-17 ans, il est passé de 10,5 pour 1000 en 2010 à 5,7 en 2019, chez les 18-19 ans, de 22,2 à 16,7 IVG.
La part des avortements médicamenteux ne cesse de croître pour atteindre 70% en 2019. Cette procédure d’avortement est réalisée avant 5 semaines de grossesse à domicile et 7 semaines à l’hôpital.
Les statistiques montrent que 12 000 avortements ont eu lieu entre 10 et 12 semaines de grossesse.
« Les IVG réalisées durant les deux dernières semaines du délai légal (uniquement par méthode instrumentale) peuvent en partie rendre compte de difficultés de parcours et d’accès, du fait d’une offre insuffisante ou d’une méconnaissance du système de santé par les femmes concernées », selon les auteurs.
Ce commentaire nécessiterait une étude plus approfondie et des nuances, notamment sur les hésitations douloureuses de femmes à poursuivre leur grossesse. D’autant que, pour la première fois, les données ont été étudiées en prenant en compte le niveau social des femmes concernées : il en ressort que les femmes aux revenus les plus faibles y ont davantage recours.
« Ces écarts ne s’expliquent pas uniquement par des différences d’âge ou de statut matrimonial de ces groupes de femmes, puisqu’à groupe d’âge et situation conjugale donnés, les femmes dont le niveau de vie est classé parmi les 10 % les moins élevés ont une probabilité de recourir à l’IVG dans l’année supérieure de 40 % à celle des femmes ayant un niveau de vie médian. »
Autant dire que l’avortement peut s’avérer un marqueur d’inégalité sociale qui doit alerter les pouvoirs publics. Année après année, ces chiffres sont publiés sans analyse sur les causes et les conséquences de l’avortement. Un sondage IFOP, publié en 2016, avait révélé que 89% des Français pensaient que l’avortement laissait des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes et 72% estimaient que la société devait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’interruption volontaire de grossesse.
Cette étude est publiée alors qu’une proposition de loi doit être examinée, le 8 octobre prochain, au titre de l’ordre du jour réservé au groupe Ecologie Démocratie Solidarité. Cette proposition a toutes les chances de ne pas être adoptée, mais elle contribue à faire avancer l’idéologie de l’avortement sans limite.
Alliance VITA, appelle à une véritable prévention de l’avortement et à la conduite d’une étude épidémiologique sur les 20 dernières années, pour analyser les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement.