Un nouveau moratoire sur les Bébés OGM, stop ou encore ?
Dans une communication via la revue Nature du 13 mars 2019, d’imminents scientifiques – dont l’une des co-découvreuses de CRISPR-Cas9, la française Emmanuelle Charpentier – appellent à un « moratoire mondial » sur l’utilisation des techniques de modifications génétiques sur les embryons et les gamètes humains, visant à faire naître des bébés génétiquement modifiés.
Immédiatement après son titre accrocheur, cette tribune précise que ce moratoire ne s’adresse pas à la recherche scientifique : toute expérimentation devrait rester possible, à partir du moment où les embryons ne seraient pas implantés dans des utérus, en vue de faire naître des bébés génétiquement modifiés.
Bien que les auteurs s’accordent à reconnaître que la modification de l’ADN n’est ni sûre, ni efficace et que les risques d’induire des mutations non intentionnelles sont élevés, ils ne demandent aucunement une interdiction. Ils proposent que chaque pays reste libre de ses choix et suggèrent simplement de n’appliquer cette technique sur des embryons ou des gamètes pour faire naître des bébés OGM que si « certaines conditions sont remplies »…
Les auteurs estiment qu’il convient de se donner encore du temps (ils évoquent une période de 5 ans), pour continuer à étudier les implications techniques, scientifiques, médicales, sociétales, morales, afin de mettre au point un encadrement international. Chaque pays pouvant ensuite librement décider de maintenir un statu quo, d’interdire ou au contraire de réfléchir à autoriser ces nouvelles pratiques intervenant dans la procréation humaine.
Les signataires proposent que les pays qui souhaiteraient légaliser cette nouvelle pratique procèdent au préalable à une consultation pluridisciplinaire et publique, pour vérifier si la demande est justifiée, pour informer ses concitoyens tout en vérifiant qu’il existe un consensus favorable dans la société.
Les auteurs suggèrent qu’un « organe de coordination » mondial soit mis en place, chargé notamment de fournir aux pays qui le souhaitent les informations requises pour entrer dans une démarche de consultation et d’autorisation. Cet organe, qui pourrait dépendre, selon eux, de l’Organisation mondiale de la santé, devrait aussi publier des rapports régulièrement. Les signataires expliquent qu’il serait préférable que deux sous-groupes distincts soient créés dans cet organe.
L’un composé de spécialistes biomédicaux pour les considérations techniques, scientifiques et médicales, et l’autre composé de spécialistes des questions de société, d’éthique et de morale.
L’OMS a par ailleurs annoncé récemment avoir créé un Comité consultatif d’experts pour l’élaboration de normes mondiales pour la gouvernance et la surveillance de la modification du génome humain. Il doit se réunir justement les 18 et 19 mars à Genève pour convenir du plan de travail pour les 12 à 18 prochains mois.
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Pour aller plus loin :
Retrouvez l’action “Stop Bébés OGM” qu’Alliance VITA a lancée en 2016.
CRISPR-Cas9 : La modification du génome humain en question
Bébés sur mesure – Le monde des meilleurs. Blanche STREB (Artège, 2018)
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