Le rapport « Grand âge et autonomie » a été remis, ce jeudi 28 mars, à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, à la suite de cinq mois de concertation avec différents acteurs sociaux.
Le constat est le suivant : la France compte aujourd’hui 1,5 million de personnes âgées de plus de 85 ans. D’ici 2050, leur nombre aura triplé pour atteindre 4,8 millions et le nombre de personnes dépendantes pourrait presque doubler. « Nous n’avons pas le temps d’attendre. C’est un luxe qui ne nous est pas donné » s’inquiète M. Libault dans la préface de son rapport. « Tout le rapport vise à passer d’une gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie. (…) Les personnes âgées doivent continuer à être incluses dans l’ensemble de la société, elles ne doivent pas être isolées, soit chez elles, soit entre elles dans des établissements, il faut concevoir un autre regard, une autre prise en charge des personnes âgées dans notre société ».
Pour prendre en charge quelque 40.000 personnes dépendantes supplémentaires par an à partir de 2030, le rapporteur propose 175 mesures, dont une dizaine sont des « priorités » pour répondre à trois objectifs : favoriser le maintien à domicile (solution plébiscitée par les Français), améliorer la prise en charge en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et remédier à la pénurie de candidats aux « métiers du grand âge ».
Afin de favoriser le maintien à domicile, « nous proposons pour les aidants qui sont encore salariés, qui sont encore au travail d’indemniser le proche aidant, son congé », pour un peu plus de 50 euros par jour, sur le modèle de l’allocation journalière de présence parentale.
La problématique du personnel soignant en sous effectif dans les EHPAD a fait couler beaucoup d’encre ces deux dernières années. Le rapporteur préconise d’augmenter de « 25 % le taux d’encadrement d’une personne âgée en Ehpad d’ici à 2024 par rapport à 2015 ».
Face à la pénurie de personnels à domicile et en établissement, va être lancé un « plan national pour les métiers du grand âge » pour les rendre plus attractifs.
Les acteurs de la concertation regrettent que les tentatives de solidarités de proximité soient trop faibles et pas assez appuyées.
Une partie de ces mesures ne nécessiteront pas une réforme législative et pourraient être annoncées avant l’été. Mme Buzyn a annoncé qu’elle déposerait un projet de loi à l’automne.
La question du vieillissement est un enjeu essentiel, non seulement pour la France, mais dans toute l’Europe. C’est un défi majeur qu’Alliance VITA souhaite souligner par une campagne à destination des candidats aux Européennes pour bâtir une Europe solidaire, qui prenne en compte le droit des plus fragiles.
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Pour aller plus loin : discours de Mme Buzyn, lors de la remise du rapport Libault