Le film bouleversant « Sauver ou périr » est sorti sur les écrans le 28 novembre dernier. Il nous fait vivre, pas à pas, l’épreuve d’un pompier et de sa femme, après un terrible accident qui fait de lui un grand brûlé défiguré.
Ce film montre d’abord un homme tout entier donné à son métier, qui en est fier, qui investit du temps pour préparer les difficiles examens lui permettant de se présenter à l’épreuve de commandant de feu. Il s’appelle Franck, joué par Pierre Niney. Sa femme Cécile, jouée par Anaïs Demoustier, vient d’accoucher de 2 petites filles jumelles.
Cécile dit de lui combien son métier l’aide à se construire, la joie et la fierté qu’il éprouve à venir en aide aux autres ou de sauver des vies, qu’il s’agisse d’éteindre un feu, d’aller secourir une personne sans domicile fixe en état d’hypothermie sur la voie publique, ou parfois d’être celui qui recueille et rassemble les restes éparpillés d’une personne que le désespoir a jeté sous les roues du métro.
Ce film est d’abord un bel hommage aux pompiers qui exercent un métier difficile au plus près des personnes fragiles et vulnérables et qui le font chaque jour avec humanité.
Un traumatisme immense s’abat sur Franck et sur sa famille lorsqu’après être resté bloqué dans un bâtiment en flammes où il est allé porter secours à 2 collègues, il s’en sort miraculeusement, mais comme grand brûlé, le visage défiguré.
S’en suivent 6 mois de coma, un réveil douloureux, la révolte et la colère, le sentiment d’être un monstre et de n’être plus digne de son épouse, et même l’envie d’en finir. Son épouse Cécile vit difficilement cette étape. Elle passe par des phases difficiles de rejet et elle s’en veut de ne plus être capable de l’aimer. Ils décident alors de prendre du recul pour un temps et Cécile retourne habiter chez ses parents.
Nous les accompagnons aussi avec le personnel hospitalier, admirable d’attention et de délicatesse, en particulier Nathalie, infirmière attentive, qui lui dit combien il a en lui les ressources pour s’en sortir. Nous sommes témoins d’une belle confiance soignant-soigné, si précieuse dans ces moments d’épreuve d’un grand blessé.
Et puis on vit un tournant dans ce film à un moment dramatique, lorsque Frank est littéralement en train de basculer du haut de son balcon vers le vide, pour mettre fin à ses jours. Il est encore en équilibre sur la rambarde lorsqu’il a la vision de son corps de pompier écrabouillé au pied de l’immeuble. Et là, se fait en lui un déclic. Il réalise que le sens de sa vie est d’être auprès de sa femme et de sa fille. Qu’il n’est pas fait pour périr, mais pour servir.
Il s’était jusque-là enfermé dans le rôle de victime désespérée. Il réalise tout d’un coup que sa famille compte sur lui et l’attend. Et alors il bascule en-effet, non pas dans le vide, mais vers la vie.
Après 24 opérations douloureuses, il décide aussi d’arrêter de courir après l’homme qu’il était. Il décide qu’il va accepter celui qu’il est maintenant, avec son visage qui porte les traces indélébiles du feu. Et c’est alors qu’il embrasse pour la première fois ses 2 filles jumelles.
Il décide de « reconquérir » sa femme et on le voit notamment profiter d’une fête de l’école pour se déguiser en clown et leur faire une surprise, à elle et ses enfants. Et lui faire ensuite une déclaration d’amour.
Ce film met en scène un couple qui doit réapprendre à s’aimer en vérité. Cécile va accueillir la vulnérabilité de son Frank qu’elle a aimé en pompier magnifique, mais elle ne pourra le faire qu’après que Frank ait accepté sa propre vulnérabilité, accepté de n’être plus le Frank d’avant.
Un film très juste d’humanité et de profondeur, qui nous renvoie à notre propre vulnérabilité, au chemin que tous nous devons faire pour nous accepter et nous aimer tel que nous sommes, avec nos limites et nos fragilités, condition essentielle pour aimer les autres en vérité et se laisser aimer.
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Contribution de Didier Berge