Les premiers résultats de l’enquête nationale périnatale 2016 ont été publiés le 11 octobre montrant la croissance des grossesses tardives et une augmentation de la prématurité.
Ces enquêtes effectuées par l’Inserm* et la DREES** ont lieu à intervalle régulier, la dernière enquête remontant à 2010. Elles permettent de disposer d’informations détaillées sur la grossesse, l’accouchement et la naissance. L’enquête réalisée en mars 2016 a été faite à partir de 14 142 naissances, en métropole et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).
En France métropolitaine, certains facteurs de risque ont augmenté :
Outre l’augmentation de l’obésité qui est préoccupante, le rapport de synthèse souligne que « Le report des naissances à des âges maternels plus élevés, observé depuis plusieurs décennies, se poursuit, alors que l’on sait que les risques pour la mère et l’enfant augmentent de manière sensible avec l’âge des femmes ». C’est ainsi que le nombre de grossesses tardives (35 ans ou plus) est passé de 19% en 2010 à 21 % en 2016. De même, le taux de prématurité a augmenté depuis 1995 pour atteindre 6 % en 2016 ainsi que la proportion de nouveau-nés avec un poids faible : « ce résultat pose question dans la mesure où d’autres pays réussissent à avoir des taux faibles et stables ou en baisse. L’allaitement exclusif a diminué (52 % contre 60 % en 2010).
La situation professionnelle des femmes et celle de leur partenaire s’est dégradée : au total, 28 % des ménages ont reçu des aides publiques ou d’autres aides liées au chômage ou à un faible revenu pendant la grossesse (par exemple allocation d’aide au retour à l’emploi, RSA, ou prime d’activité).
L’enquête passe en revue l’application de certaines mesures de santé publique et de certaines recommandations. En 2016, 75 % des femmes ont eu plus que les trois échographies recommandées pour une grossesse sans complication, et 36 % en ont eu deux fois plus que recommandé. Du fait des modifications des modalités de dépistage de la trisomie21, on observe une stabilité des biopsies du trophoblaste et une diminution des amniocentèses (de 8,7 à 3,6 % entre 2010 et 2016). Comme dans tous les rapports de ce type, on note la focalisation toujours très vive sur le dépistage de la Trisomie 21, signe de la stigmatisation de ce handicap.
Les indicateurs de santé périnatale sont moins bons en outre-mer, les facteurs de risque étant plus élevés. Les femmes en difficulté sociale sont plus nombreuses qu’en métropole et les complications en cours de grossesse nécessitent plus souvent une hospitalisation, faute de suivi régulier ; 25 % des femmes enceintes ne vivent pas en couple (5 % des femmes en métropole). Les femmes enceintes sont plus jeunes (6 % ont entre 18 et 19 ans (contre 2 % en métropole). Le taux de prématurité est plus élevé.
Le nombre de maternités a continué de diminuer (517 en France et 20 en outremer), au profit de grandes maternités sensées apporter une plus grande sécurité : la part des services ayant un obstétricien, un anesthésiste et un pédiatre en permanence sur place a augmenté. La prise en charge des femmes au moment de l’accouchement apparaît être moins médicalisée et le traitement de la douleur s’est amélioré.
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* Institut national de la santé et de la recherche médicale
** Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques