PMA : une nouvelle dérive aux Pays-Bas
Vingt-trois personnes de nationalité hollandaise, nées par Fécondation in vitro dans les années 1980, ont entamé une procédure judiciaire contre l’ancien directeur d’une banque de sperme située près de Rotterdam, soupçonnant cet homme d’avoir donné son propre sperme et donc d’être leur père génétique.
Le directeur, Jan Karbaat, décédé en avril dernier, est accusé d’avoir truqué les dossiers des donneurs de sperme. Il aurait lui-même affirmé être le père biologique de 60 enfants nés de FIV : « il voyait cela comme une chose noble. Il n’avait pas de notion d’éthique et banalisait l’impact pour les enfants-éprouvettes » confiait à la barre l’une des requérantes, Moniek, 36 ans.
Vendredi 12 mai, les 23 requérants ont demandé au tribunal civil de Rotterdam de faire pratiquer un test ADN sur l’ancien directeur de la banque de sperme. Bien que ce dernier ait stipulé dans son testament qu’il interdisait un tel test sur sa personne après sa mort, d’autres moyens ont été envisagés par la justice et justifiés ainsi par l’avocat des familles : « C’est une question d’identité, cela aide quelqu’un à former sa personnalité. C’est un droit fondamental de savoir d’où l’on vient ».
Il faut souligner, par ailleurs, que le centre médical avait été fermé en 2009 pour des irrégularités administratives.
Le jugement sera rendu le 2 juin prochain.
En octobre dernier, la ministre de la Santé néerlandaise Edith Schippers s’était alarmée du manque de contrôle des dons de sperme dans les cliniques d’infertilité de son pays. Le nombre de dons de sperme est théoriquement limité à 6 par personne aux Pays-Bas.
Ces dernières années, plusieurs dérives relatives à des fécondations in vitro avec dons de sperme ont été signalées : ainsi, en septembre dernier, un médecin américain, accusé d’avoir inséminé 50 patientes avec son propre sperme entre les années 1970 et 1980, comparaissait devant le tribunal. En juin 2016, en Grande-Bretagne, au Canada et aux États-Unis, 36 femmes avaient porté plainte après avoir choisi comme père biologique de leur enfant un homme présenté comme un « génie des neurosciences » qui s’était avéré être un criminel schizophrène.
Sans même parler de dérives, le risque est réel qu’un frère et une sœur vivent dans un environnement proche, comme par exemple, ces deux meilleurs amis britanniques qui ont découvert par hasard qu’ils avaient le même père !
Le film canadien Starbuck, sorti dans les salles en France en juin 2012, relate l’histoire d’un homme qui apprend incidemment qu’il est le géniteur de 533 enfants ! Même si ce film est basé sur une fiction, plusieurs histoires similaires dans le monde mettent en relief l’absence de contrôle réel des dons de sperme. Lors de la présentation de ce film, son réalisateur avait rappelé cette citation fameuse du New York Times : « Il y a plus de lois et de règlements qui rentrent en vigueur quand on achète une voiture usagée que quand on achète du sperme ! »
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