Un an après la révélation de la naissance du premier enfant né par FIV 3 parents, le scientifique à l’origine de cette naissance, vient de publier plus de détails dans la revue Reproductive Biomedicine Online.
En avril 2016, la presse révélait la naissance du premier enfant conçu in vitro par la très controversée technique de FIV-3 parents au Mexique. Le scientifique à l’origine de cette transgression éthique sans précédent, John Zhang du Centre de fertilité New Hope à New York, s’était rendu dans ce pays où cette technique n’est pas réglementée. L’objectif était de créer un embryon qui serait exempt d’une pathologie liée à la présence de mitochondries défectueuses dans l’ovule de la mère. L’ovule d’une donneuse a été utilisé, son ADN nucléaire a été retiré, il a été remplacé par le noyau de la mère biologique, puis fécondé par le spermatozoïde du père, avant de procéder à l’implantation de l’embryon dans l’utérus de la mère.
Lors de l’annonce de la naissance, John Zhang assumant cette prise de risque aboutissant à la naissance d’un enfant génétiquement modifié, assurait qu’il était en bonne santé. Pourtant, lors d’un meeting de “l’American Society for Reproductive Medicine” le 19 octobre 2016 à Salt Lake City, le Dr Zhang a révélé qu’une quantité non négligeable de mitochondries défectueuses avait été transmise dans la première cellule embryonnaire, et se retrouve donc présente dans chaque cellule du petit garçon.
La publication du Dr Zhang dans la revue Reproductive Biomedicine Online révèle en effet que le petit garçon possède une « charge de mutation d’ADNm néonatal de 2,36 à 9,23% dans ses tissus testés ». C’est la preuve qu’un taux non négligeable de mitochondries « malades » de la mère biologique est malgré tout « passé » dans le zygote, dans la première cellule fécondée, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé de l’enfant. Le rapport précise que « Le garçon est actuellement en bonne santé à l’âge de 7 mois, bien que le suivi à long terme du développement longitudinal de l’enfant reste crucial ».
Dans ce rapport où toute la technique est détaillée, on découvre que des dizaines d’ovocytes de la donneuse et de la mère ont été ponctionnés, car une trentaine au moins est nécessaire pour les tentatives de transferts nucléaires. 4 embryons ont été mis en culture, puis des prélèvements de cellules ont été faits sur ces embryons, pour procéder à une sorte de diagnostic préimplantatoire, pour vérifier notamment que le nombre de chromosomes est normal.
Un seul embryon eut un nombre normal de chromosomes. Les autres étaient anormaux, montrant des monosomies (un seul chromosome au lieu de 2) 22 et 15.
L’embryon sélectionné fut délibérément choisi de sexe masculin, pour aboutir à la naissance d’un garçon et ainsi « éviter » la naissance d’une fille, dont les modifications ainsi introduites dans le génome seraient transmissibles à ses futurs propres enfants. Toutes ces procédures ont été réalisées sur le sol des Etats-Unis. Puis cet embryon a été congelé et transporté sur le sol mexicain pour procéder à l’implantation dans l’utérus de la mère biologique.
Pour les auteurs, il est inévitable de transférer une quantité non négligeable de cytoplasme avec le noyau dans l’ovule de la donneuse. Bref, impossible d’assurer que la maladie qu’ils prétendent « faire disparaître » le soit totalement….
L’étude conclut que le bébé devrait être suivi tous les 3 mois puis tous les 6 mois jusqu’à la troisième année, puis chaque année jusqu’à ses 18 ans si l’enfant est asymptomatique (ne présente pas de signes inquiétants). Après 18 ans, ils évalueront sa fonction de fécondité.
Le Docteur Zhang ne cache pas travailler depuis des années sur d’autres applications de cette technique pour favoriser des naissances chez des femmes âgées. Alors que la technique pose des questions sanitaires et éthiques, la FIV-3 parents est déjà utilisée pour d’autres motifs que thérapeutiques, notamment pour « rajeunir » artificiellement des ovules. Des naissances ont ainsi été rapportées en Ukraine, y compris de petites filles dont les modifications génétiques seront transmissibles aux générations suivantes.
« Cette publication montre que la technique n’est pas sûre. Par un procédé scientifique, on a bricolé un embryon avec pour objectif affiché d’éviter une maladie, et finalement on a mis au monde un enfant dont la santé est exposée à d’importantes inconnues. Il est le propre cobaye et la première victime de la technique qui l’a créé. Comme on le constate, les motivations des scientifiques ne sont pas uniquement thérapeutiques. Il est inconcevable de laisser perdurer de tels risques, en procédant à des expériences d’apprentis-sorciers dont la conséquence est la naissance d’enfants génétiquement modifiés ! Alors que l’OPECST vient de rendre un rapport qui recommande l’examen de l’ouverture de cette pratique en France lors des prochains états généraux de la bioéthique, il est urgent d’enrayer ces dérives au plan mondial, si nous ne voulons pas que les êtres humains à venir soient conçus et manipulés comme des objets, en dépit de toute sécurité et éthique. »
Au printemps 2017, Alliance VITA a lancé une alerte nationale et internationale sur les risques de dérives liés à la modification génétique des embryons humains, Stop Bébé OGM.