Le rapport annuel des commissions régionales de contrôle de l’euthanasie néerlandaise a rendu public le nombre d’euthanasies pratiquées en 2016. En hausse de 10% encore, ce chiffre a triplé depuis la légalisation en 2002.
6091 cas ont été déclarés, soit 575 de plus que l’année précédente, représentant 4 % du nombre total de décès aux Pays-Bas. 216 sont répertoriés comme suicides assistés (le patient s’administre lui-même la dose létale). Les Pays-Bas enregistraient moins de 2000 euthanasies en 2002, environ 4000 en 2012, et 2000 de plus en 2016.
L’Institut européen de bioéthique a analysé en détail les évolutions selon les pathologies, soulignant l’augmentation des euthanasies pour des personnes démentes, souffrant de troubles psychiatriques ou de multiples pathologies dues à l’âge.
Le droit néerlandais dispose que la demande d’euthanasie ne serait recevable que dans les cas où le patient souffre de manière insupportable et sans perspective d’amélioration, et si le patient a « mûrement réfléchi » cette demande. Pourtant, malgré ces critères, on déplore l’euthanasie de personnes souffrant de pathologies variées, notamment de cas de troubles psychiatriques. Face à cette dérive, une pétition a déjà été signée, en une semaine, par 350 médecins néerlandais qui refusent l’euthanasie pour les personnes démentes. A l’automne dernier, les Pays-Bas ont discuté une loi autorisant l’aide au suicide pour les personnes âgées qui ont le sentiment d’avoir « accompli » leur vie, même si elles sont en parfaite santé.
Plusieurs partis de l’opposition ont critiqué le projet de loi, craignant qu’un éventuel texte conduise à « une pression sur les autres personnes âgées qui vont se sentir de trop dans la communauté ». Certains Néerlandais éprouvent la même inquiétude évoquant « les personnes fragiles, solitaires, désespérées ». Le Professeur Theo de Boer, un universitaire néerlandais, défenseur de la loi sur l’euthanasie a complètement changé de cap. Il regrette la multiplication des cas de suicide assisté dans son pays ; il déplore aussi que l’euthanasie concerne de plus en plus de catégories de malades, y compris les personnes atteintes de démence et de dépression. « Légaliser le suicide assisté est une pente glissante vers une pratique généralisée de meurtres de personnes malades« .
Rappelons que le Comité des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiété, dès 2009, du nombre élevé de cas d’euthanasies et de suicides assistés, demandant instamment aux Pays-Bas de réviser leur législation.
Pour Alliance VITA, les dispositions mises en place en 2002, sont régulièrement sujettes à interprétations, et les quelques digues sont en train de sauter les unes après les autres. Face aux surenchères de demandes et revendications, la société hollandaise commence à réagir. Il est indigne d’une société de n’avoir que le suicide à proposer comme solution aux difficultés des personnes.