Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance VITA, était l’invitée de Philippe David sur Sud Radio dans l’émission « Seul contre tous » du 2 novembre pour débattre de l’IVG.
Verbatim extraits de l’émission :
» Beaucoup de femmes sont culpabilisées de se sentir mal par rapport à l’avortement, tant il y a une obstination en France de faire croire que cet acte n’aurait pas de portée intime, sociale ou éthique. Or, les femmes le savent bien, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. D’où des questionnements qui peuvent être douloureux… »
« Il faut revenir à la réalité : l’avortement est d’abord un problème social et humanitaire. Aujourd’hui, il faut comprendre pourquoi les femmes avortent. Il y a un chiffre qui est très important à connaître : 72% des femmes qui avortent disent avoir suivi une méthode de contraception quand elles ont découvert leur grossesse. A-t-on le droit à l’erreur ? C’est à la source d’ un grand malentendu entre les hommes et les femmes. »
« Des femmes sont culpabilisées d’être dans l’ambivalence, d’être tiraillées entre la joie et la panique par rapport à la situation. Les femmes sont sous la pression de faire un choix, à un moment où il y a besoin de temps pour ouvrir tous les possibles »
« Il y a la pression du temps dont on ne parle pas. C’est paradoxal puisqu’on a rallongé les délais de 10 à 12 semaines de grossesse. Aujourd’hui, la majorité des avortements sont médicamenteux et doivent survenir avant 5 ou 7 semaines de grossesse. »
« Cela invite les politiques mais aussi toute la société à avoir un autre regard sur les grossesses inattendues pour queLes femmes ne se sentent pas stigmatisées, comme certaines le sont : beaucoup se sentent rejetées, jugées quand elles sont confrontées à une grossesse inattendue ; c’est extrêmement violent pour elles. »
« La question qui se pose aujourd’hui, c’est d’avoir une véritable politique de prévention de l’IVG, que celles qui souhaitent l’éviter, puissent l’éviter. Le sondage IFOP Les Français et l’IVG, publié en septembre 2016 révèle que 72% des Français pensent que la société devrait faire plus pour éviter aux femmes l’IVG et 89% pensent que l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre. Cela doit nous inviter à ne pas nous résigner. »
» Il y a un grand silence, un grand déni sur ce qui s’est passé après l’avortement. Même sur le site du gouvernement dédié à l’IVG, on trouve une vidéo d’un gynécologue qui affirme, de manière très péremptoire, qu’il n’y aurait pas de séquelles psychologiques à long terme après un avortement. Je ne prétends pas que toutes les femmes souffrent , ni avec la même intensité. Mais je constate que certaines femmes souffrent, ont besoin d’en parler, parfois longtemps après. »
« On donne plein d’informations techniques aux jeunes : ayez des relations sexuelles mais surtout pas d’enfants ! C’est très violent pour les jeunes qui se retrouvent enceintes. »
« Il faut pouvoir écouter les dilemmes des femmes pour qu’elles ne soient pas conduites à l’avortement par fatalité. »
« J’ai accompagné des femmes qui avaient choisi l’option de l’accouchement sous X. C’est toujours un moment difficile et douloureux ; je me rappelle une femme qui disait : en fait, la société nous juge, mais pour moi c’est un enfant à qui je fais le cadeau de la vie. »