ADN : Décryptage du projet "Human Genome Project–Write"

03/06/2016

adn

L’ère de la « lecture de l’ADN » laisse place à une nouvelle ère, celle de « l’écriture de l’ADN ».

Le projet « Human Genome Project–Write (HGP-write) » vient de naître : sa traduction française serait « le projet d’écriture du génome humain ». Des chercheurs et industriels l’ont dévoilé ce 2 juin 2016 en publiant sa description dans le journal Science.  Il vise, ni plus ni moins, à créer un génome humain synthétique. Une réunion secrète, loin des médias, s’était déjà tenue sur ce sujet à Harward le mois dernier, regroupant une centaine de scientifiques, initiateurs de ces perspectives scientifiques qui soulèvent d’importantes questions éthiques. Il fait, en quelque sorte, suite au Human Genome Project (“HGP-read”) qui avait notamment permis de mettre au point le séquençage complet de l’ADN humain.

Leur objectif est donc de fabriquer un génome humain de toutes pièces, en décidant de « son écriture », c’est-à-dire en créant et en associant des bases, les « lettres » de l’ADN, en pilotant leur combinaison, pour éditer un génome complet, prêt à être inséré dans une cellule. D’après les chercheurs, les applications seraient nombreuses, comme la production de lignées de cellules résistantes aux virus ou aux cancers, la création d’organes humains pour des transplantations, la production de vaccins ou encore le développement de médicaments utilisant des cellules humaines.

Les scientifiques savent déjà fabriquer de courtes portions d’ADN, mais créer un génome humain entier serait à ce jour encore très coûteux. Le principal objectif de ce nouveau projet, piloté par le “Center of Excellence for Engineering Biology”, est donc de chercher à lever 100 millions de dollars cette année.

Certains autres scientifiques, comme le biologiste Drew Endy de l’Université de Stanford, s’inquiètent. Il estime qu’ « avant le lancement d’un tel projet avec des implications éthiques aussi énormes, il est nécessaire de poser les questions fondamentales en commençant par le fait de savoir si et dans quelles circonstances nous devrions faire de ces technologies une réalité ». Il critique le fait que « Les auteurs ne parviennent pas à poser ces questions essentielles. En fait, dans leur proposition, ils ne parviennent à poser aucune question ».  La principale préoccupation éthique soulevée est la capacité potentielle de « créer des enfants sans parents biologiques ».

Rappelant les importants débats éthiques soulevés par les révolutions scientifiques dans le domaine de l’ingénierie du génome, comme CRISPR-Cas9, les auteurs reconnaissent l’importance et l’urgence d’organiser des consultations publiques, avec toutes les parties prenantes.

Ces techniques n’en sont qu’à un stade expérimental,  mais rappellent encore une fois l’urgence d’une prise de conscience mondiale sur la puissance de ces nouvelles technologies. Des réglementations éthiques sont primordiales, pour empêcher les dérives potentielles de ces techniques, pouvant aboutir à la création d’embryons génétiquement modifiés, ou mis au point avec un génome créé de toutes pièces.

Alliance VITA a lancé en France une campagne d’alerte et de mobilisation citoyenne, une première mondiale : Stop Bébé OGM.

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