La Gestation pour Autrui occupe à nouveau l’actualité française et européenne.
A l’occasion de la sortie du livre Le temps de l’Homme de son délégué général, Tugdual Derville, Alliance VITA publie un court extrait intitulé « Mères porteuses insoumises »
« En dégradant la femme au statut de productrice d’enfants, comme si c’était une machine, la GPA préfigure les véritables machines à fabriquer des enfants. Ces « utérus artificiels », ceux qui voient dans la nécessité d’une porteuse humaine le dernier obstacle à leur toute-puissance les appellent de leurs vœux. Car la femme porteuse, même si elle a décidé, intellectuellement, de ne pas « investir » sa grossesse, est dotée d’un cœur de mère, toujours susceptible d’entrer en rébellion pour s’attacher profondément à celui qui prend corps en elle. Même un surcroît de gratification financière ne peut garantir sa soumission. Se passer d’une femme au profit d’un dispositif technique docile serait plus simple.
Si la porteuse peut sembler, pour les commanditaires, le maillon faible du dispositif, c’est à cause de son humanité. Quand ils attendent un produit fini de qualité, la gestatrice peut y faire obstacle, malgré la précision des dispositions qui lient les co-contractants. Les cas d’avortement exigés par les « futurs parents » sont les marques les plus significatives de la soumission exigée de la « porteuse » : « réduction embryonnaire », en cas de grossesses multiples, ou avortement « médical », en cas de suspicion de handicap. L’Américaine Melissa Cook s’est ainsi rebellée quand le commanditaire de sa grossesse, un homme de 47 ans, a réclamé qu’elle avorte de l’un des triplés qu’elle attendait, conçus in vitro avec son sperme et des ovocytes d’une donneuse de 20 ans. Le père invoquait une clause du contrat. Mais la mère porteuse n’a pas voulu avorter d’un des fœtus : « Ce sont des êtres humains, je me suis attachée à ces enfants », a déclaré la mère de famille. Melissa Cook récuse désormais le système des mères porteuses comme un « marché des bébés ». Nés le 22 février 2016, les bébés ont été arrachés à leur mère, comme prévu. Sa défense a argumenté en vain : « Le processus d’attachement, à la fois physiologique et psychologique, entre la mère enceinte et l’enfant qu’elle porte pendant les neuf mois de la grossesse est le même processus et la même expérience, que cette mère soit reliée génétiquement à l’enfant ou non. » L’avocat de la jeune femme a expliqué qu’à peine nés, les enfants lui ont été retirés, le personnel hospitalier lui ayant interdit de les voir : « Nous avons une mère qui les aime, qui s’est battue pour eux, qui a défendu leurs vies, qui est prête à prendre soin d’eux. Vous ne pouvez pas dire à une mère qui vient de donner naissance à des enfants que, quoi qu’il arrive à ces enfants, ce ne sont pas ses affaires. »
Si personne ne peut forcer une Américaine à subir un avortement sélectif, rien ne peut empêcher un commanditaire de se faire livrer les nouveau-nés, quitte à les séparer aussitôt en en offrant un ou plusieurs à l’adoption ! Les enfants sont à l’acheteur. L’imbroglio fait jaillir l’absurdité d’un éclatement de la maternité qui conduit des protagonistes à se retrouver devant la justice pour se disputer le sort d’enfants non encore nés. Marie-Anne Frison Roche, agrégée en droit privé, impliquée dans le Collectif pour le respect de la personne (CoRP) qui demande l’abolition de la maternité de substitution, souligne que c’est la légalisation de la GPA qui induit sa judiciarisation : « Certains affirment que si le droit français acceptait d’abandonner le principe d’interdiction de la GPA, principe posé par l’article 16-7 du Code civil, les procès s’arrêteraient. Quand on suit l’activité, on observe au contraire que les procès se multiplient, et qu’ils sont particulièrement sordides. »
Pour en savoir plus sur “Le Temps de l’Homme” et commander le livre