Une étude publiée le 11 avril 2016 dans le Journal de l’Association médicale canadienne confirme que l’avortement sélectif selon le sexe est pratiqué au Canada par les populations émigrées des pays asiatiques comme cela peut s’observer en Grande-Bretagne.
L’étude conduite entre 1990 et 2011 montre que le ratio est de 105 garçons pour 100 filles pour la population en général, alors qu’il est de 138 garçons pour 100 filles dans les familles d’origine indienne. En Ontario, dans les familles ayant déjà deux filles, le ratio à partir du 3ème enfant est de 326 garçons pour 100 filles.
Des experts en économie et bioéthique dénoncent la combinaison d’un accès facile à l’avortement avec les techniques de détermination du sexe de plus en plus précoces qui font du Canada un lieu propice pour avorter les fœtus féminins, ce qui va à l’encontre de la Charte des Droits et des Libertés.
Alors que la sélection pré-implantatoire selon le sexe est interdite par la loi de 2004 (Assisted Human Reproduction Act) pour les embryons en cas de procréation assistée, les foetus ne sont pas protégés d’un avortement selon le sexe.
Depuis la décriminalisation de l’avortement par la Cour suprême en 1988, il n’existe aucune loi fédérale sur l’avortement au Canada, qui est sans réglementation légale et sans mention de délai, même si la plupart des avortements sont pratiqués avant 24 semaines, ce qui correspond au seuil de viabilité du foetus. Au-delà de ce délai, les femmes vont aux Etats-Unis pour subir des avortements plus tardifs.
Des débats opposent les pro-avortements qui craignent une limitation de l’avortement et ceux qui souhaiteraient interdire la pratique de l’avortement sélectif. En 2012, le député Mark Warawa avait essayé de faire adopter une motion interdisant les avortements sexo-sélectifs qui avait échoué car jugée irrecevable.
L’exemple de la Corée du Sud pourrait faire réfléchir car elle a réussi à réduire le déséquilibre du sexe ratio. Ce pays a interdit la pratique de l’avortement sélectif comme le rappelle l’étude canadienne. D’autres éléments ont également contribué à cette réduction selon le Fonds des Nations Unies pour la Population : l’évolution sociale et économique du pays mais aussi la campagne nationale « Love Your Daughters » (Aimez vos filles).