L’association Exit côté Suisse alémanique (cantons de langue allemande) a publié le 1er mars 2016 le bilan de son activité, révélant une augmentation de 30% du nombre de suicides assistés réalisés en 2015, soit 782 décès provoqués. Le bilan d’Exit côté Suisse romande (cantons de langue française) sera connu le 23 avril, mais selon son président, «la situation est absolument comparable ici. Le nombre de cas a explosé chez nous ».
La Suisse n’a pas légalisé l’euthanasie comme la Belgique ou les Pays-Bas, mais elle tolère la pratique du suicide assisté sans poursuite pénale, en utilisant une interprétation extensive de l’article 115 de son code pénal datant de 1899, lorsque l’aide au suicide est apportée « en absence de mobile égoïste ». Concrètement, ce n’est pas le médecin qui accomplit l’acte de donner la mort, mais la personne elle-même, en général devant témoins.
Par rapport à 2014, année déjà marquée par une forte hausse, 199 personnes supplémentaires ont mis fin à leurs jours avec Exit Suisse alémanique. Parmi les 782 personnes décédées, 55% étaient des femmes et 45% des hommes, avec un âge moyen de 77,4 ans. Le nombre total de suicides assistés a doublé entre 2007 à 1 000 décès et 2015, avec environ 1,5% des 65 000 décès en Suisse.
Le nombre d’adhérents à Exit ne cesse d’augmenter chaque année, du fait notamment du vieillissement de la population et de la tendance d’Exit à assouplir les conditions de son intervention. Jusqu’en 2014, Exit proposait l’aide au suicide pour les personnes atteintes d’une maladie incurable ou en phase terminale. Elle s’adresse désormais à toute personne qui dit souffrir de « polypathologies invalidantes liées à l’âge ». Mais cet élargissement dépasse les recommandations de l’Académie suisse des sciences médicales : « On craint des pressions psychologiques et sociales sur les personnes âgées et sur les médecins », réagissait le président de sa commission d’éthique, le professeur Christian Kind, en 2014.
Des dérives sont régulièrement mises en lumière par la presse, notamment de la part d’étrangers -allemands, anglais, français, italiens, etc – qui viennent se suicider en Suisse pour des motifs les plus divers, comme cette Italienne qui « ne supportait plus de se trouver laide en vieillissant ».
Cet élargissement des critères, au nom du droit à l’autodétermination pour « choisir le moment et le moyen de sa propre mort », rejoint la démarche d’autres associations similaires en Belgique ou aux Pays-Bas qui font pression pour élargir l’euthanasie à toute personne âgée de plus de 70 ans « fatiguée de vivre ».
En Suisse, Exit fait également pression pour obliger les hôpitaux, les cliniques et les maisons de retraite recevant des fonds publics à organiser les suicides assistés dans leurs propres murs, sans aucune possibilité d’objection de conscience : des votations d’initiative populaire ont ainsi été obtenues dans le canton de Vaud en 2012 et dans le canton de Neuchâtel en 2014.