Dans le cadre de l’application des nouvelles mesures introduites par la Loi Santé du 26 janvier 2016, la suppression du délai de réflexion de 7 jours pour les femmes souhaitant procéder à une interruption volontaire de grossesse (IVG), reste une question sensible.
Grégoire JAHAN, Délégué départemental d’Alliance VITA en Haute-Garonne, vient d’être interrogé par le Nouveau Journal Toulousain sur cette question, face à Muriel Piwo, Militante à Osez le féminisme 31.
Extraits de la réponse de notre délégué :
« Les promoteurs de l’amendement supprimant le délai de réflexion pré-IVG prétendent que ce délai de réflexion serait « infantilisant et méprisant ». Pourtant, beaucoup de femmes qui nous sollicitent sur notre site d’écoute www.sosbebe.org nous confient que leur décision n’est pas simple. Pour une femme enceinte, dont le corps subit des changements liés à la présence d’une autre vie en elle, il est normal de connaitre une certaine ambivalence et d’éprouver des tiraillements intérieurs entre d’accueil de l’enfant et les bouleversements qu’il entraine.
Le délai de réflexion après la première consultation pour une IVG offre un espace de liberté qui protège les femmes de la panique et des pressions extérieures et donne aussi le temps d’un dialogue parfois délicat avec le père de l’enfant. Il permet aussi de se renseigner sur l’IVG mais aussi sur les aides sociales (Allocation Jeune Enfant, Allocation Logement, RSA…) et les droits des femmes enceintes (protection de l’emploi, …). Finalement ce qui est vraiment « méprisant » pour les femmes qui ont besoin de ce délai, c’est de le qualifier d’« infantilisant ».
C’est la première fois qu’on entend que la réflexion entraverait le choix et la liberté. Lors d’une signature de contrat, d’une opération de chirurgie esthétique ou même d’un achat important, l’absence d’un tel délai serait jugée abusive… pourquoi l’avoir supprimé dans le cas d’une IVG dont l’effet est irréversible, scelle un destin et marque durablement. En effet, d’après un sondage IFOP de 2010, 83% des françaises pensent que « l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes ».
Alors, même s’il n’est plus obligatoire, préservons ce temps de réflexion pour rester vraiment libres. »
Voir l’intégralité des débats : Le Nouveau Journal Toulousain