Après l’Angleterre, les Etats-Unis en voie d’autoriser la « FIV à 3 parents » ?

05/02/2016

À la demande de la Food and Drug Administration des États-Unis (FDA), l’Institut de Medicine (IOM) de l’Académie Nationale des Sciences a réuni un comité d’experts pour travailler sur les problématiques éthiques soulevées par la technique de « la Fiv-3 parents ». Le rapport final rendu ce 3 février 2016 fournit une analyse des questions éthiques, sociales et politiques soulevées par cette méthode de procréation controversée.

Le comité a conclu qu’il est « éthiquement acceptable » de mener ces enquêtes cliniques, en vue de faire naître des enfants ainsi conçus, sous certaines restrictions.

La Fécondation In Vitro (FIV) à 3 parents consiste à créer in vitro un embryon humain à l’aide de l’ADN de trois personnes différentes, un homme et deux femmes, dans le but de faire naître un enfant exempt d’une maladie génétique qui serait transmise par des organites présents dans l’ovule de la mère : les mitochondries.

Cette FIV se fait en deux étapes. D’abord on retire le noyau (matériel génétique) de l’ovule de la mère et on l’intègre dans l’ovule (préalablement vidé de son noyau) d’une autre femme. L’ovule de la deuxième femme contient tous ses organites, dont les mitochondries saines. Puis, cet ovule ainsi constitué est fécondé in vitro par le sperme du père, et l’embryon est implanté dans l’utérus de la mère.

Or, les mitochondries contiennent de l’ADN, 1% du génome total d’un individu, ce qui est le cœur des problèmes éthiques graves soulevés par cette technique. Car l’embryon ainsi conçu contient de l’ADN de 3 personnes : le noyau du père et de la mère, et l’ADN transmis par les mitochondries de l’ovule de la donneuse.

Les inquiétudes soulevées par cette technique sont importantes, les implications sur l’enfant d’une telle manipulation génétique restent mal connues, et s’il s’agissait d’une fille, la transmission de cette modification serait possible de génération en génération, là aussi avec des risques impossibles à prédire.

Ce rapport américain suggère donc de limiter les essais de remplacement mitochondrial sur des embryons garçons.

Le Parlement anglais n’avait pas retenu cette précaution, visant à limiter l’impact de la modification génétique sur les générations suivantes, il avait donné l’autorisation de cette « thérapie » mitochondriale l’année dernière sans aucune restriction.

Après la fécondation in vitro, il y aurait donc une sélection des embryons selon leur sexe.

Pour Alliance VITA, « les questions éthiques de cette technique sont nombreuses. Est-ce un réel progrès ou la création d’un Homme-OGM ?  Ces questions concernent le don d’ovules et le statut des femmes donneuses : gratuité, anonymat, droits éventuels sur l’enfant à naître. Elles concernent aussi bien sûr l’enfant à naître lui-même. En plus d’utiliser des embryons humains pour la recherche, qui pour certains seront détruits, la  « triple origine parentale » des  ADN constitutifs de ce nouvel être humain produit beaucoup d’inconnues physiologiques et même psychologiques. Et ne s’agit-il pas d’une pratique eugénique ? Le but de cette technique n’est pas de guérir des personnes malades, mais de mettre au monde des personnes exemptes d’une maladie déterminée.  Il ne s’agit donc pas de médecine, mais d’une forme d’eugénisme, visant à créer des humains sur mesure. Soutenir que sans cette méthode, ces bébés ne seraient pas nés revient en fait à légitimer toute forme de manipulation génétique sur les embryons ».

La FDA devrait rendre prochainement sa décision.

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