La publication, le 3 décembre 2015, d’un sondage de l’institut Odoxa, réalisé pour un centre de fertilité privé espagnol, la clinique Eugin, montre qu’une majorité de français (59%) est opposée à la légalisation de la congélation des ovocytes pour des raisons non médicales par les femmes qui veulent repousser leur grossesse à plus tard.
Cette technique permet aux femmes de conserver des cellules reproductrices encore jeunes pour devenir mères plus tard. Actuellement en France, elle n’est autorisée que pour des raisons médicales, par exemple avant une chimiothérapie susceptible de rendre infertile.
83% des femmes n’utiliseraient pas cette technique
L’idée d’ouvrir cette possibilité à toutes les femmes ne fait donc pas l’unanimité. Quant à l’idée de recourir à cette intervention pour soi-même, si cela était autorisé en France, 83% des femmes répondent par la négative.
Les raisons évoquées par les personnes sondées sur leurs réticences à faire évoluer la loi sont en premier lieu éthiques et déontologiques. La vitrification «de convenance» comporte un risque de sélection des embryons pour 37 % d’entre elles. 25% évoquent la crainte de l’exploitation commerciale de la détresse des femmes et 25% autres jugent le procédé «contre-nature». 11% des personnes interrogées redoutent que ce procédé renforce l’idée que la maternité nuirait à la carrière.
Une technique à risques :
Fin 2012, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s’était déclaré favorable à l’utilisation de cette technique «pour convenance personnelle». Pourtant, celle-ci n’a rien d’anodin. Elle requiert pour la femme de subir des examens, puis une stimulation ovarienne suivie d’une intervention chirurgicale pour prélever les ovocytes dans les ovaires. Les risques liés à cette procédure ne sont pas nuls. De plus, congeler ses ovules n’offre pas la garantie de pouvoir tomber enceinte plus tard, en mettant en place une fécondation in vitro. Selon Eugin, pour les femmes de 35 à 37 ans qui ont gardé leurs ovocytes au frais, seules 62 % auraient une chance d’avoir un enfant. Un pourcentage qui chute à 52 % pour les femmes de 38 à 40 ans.
Rappelons qu’un avis du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur les questions sociétales liées à l’assistance médicale à la procréation est toujours attendu. Ces questions pourraient être abordées dans ce cadre.