Un colloque s’est tenu ce 9 décembre à l’Université de Londres. Organisé par l’ Educational Trust Progrès (PET), un organisme de bienfaisance britannique dont l’objectif principal est de créer un environnement dans lequel la recherche serait conforme à l’éthique et dans lequel la pratique de la génétique, de la procréation assistée, de la recherche sur embryon et les cellules souches peuvent « prospérer. »
Le PET précise que les bénéficiaires ultimes de l’ensemble de ses travaux sont les familles et les personnes menacées par l’infertilité et les maladies génétiques.
Cette journée était financée par des entreprises privées, des centres de recherches et le « wellcome trust », déjà impliqué dans la déclaration commune de soutien sur la recherche et le financement des méthodes de modification du génome, notamment celles liées à l’utilisation de la technique du « CRISPR / cas9 » élaborée en septembre dernier au Royaume-Uni.
L’intitulé de cette journée de conférence était : « de la FIV 3 parents à la modification du génome, la science et l’éthique de l’ingénierie embryonnaire ».
Modification du génome d’embryons humains
Le conseiller scientifique du gouvernement, le professeur Sir Mark Walport, est intervenu sur le thème «Pourquoi le Royaume-Uni devrait mener des débats sur le génie de l’embryon». Il a annoncé « qu’il croit qu’il y a des circonstances dans lesquelles la modification génétique des embryons humains pouvait être acceptable et que la Grande-Bretagne devait ouvrir cette voie ». Déjà en Angleterre une demande de permission avait été formulée par l’Institut François Crick de Londres à la HFEA (Human Fertilisation and Embryology Authority, l’autorité éthique du pays sur les sujets de procréation humaine), de procéder à des expériences de modification du génome d’ embryons humains à des fins de recherche, même s’ils n’auraient pas vocation à être implantés dans un utérus en vue de grossesse. En février 2015, le Parlement britannique avait déjà donné le feu vert pour la conception in vitro de bébés créés à partir de l’ADN de trois personnes, pour éliminer le risque de transmission d’une maladie génétique par la mère biologique. Les premiers bébés issus de l’ADN de 3 parents pourraient naître dès l’an prochain. Ces changements dans leur ADN seront transmis à leurs propres enfants.
Le Professeur John Harris, qui était intervenu également au congrès de Washington en décembre 2015, a tenu une conférence intitulée « nous devons améliorer notre évolution ».
L’essentiel de cette journée était donc consacrée aux modifications qu’il est aujourd’hui possible d’effectuer sur les gamètes et les embryons humains au stade précoce de leur développement.
Bébés sur mesure ???
« FIV à 3 parents » et modification du génome par le CRISPR-Cas9 sont des techniques génétiques de pointe, qui touchent à l’ADN de l’être humain, de manière transmissible aux générations futures. Elles soulèvent de graves enjeux éthiques, et nous posent cette question : fabriquerons-nous demain des « bébés sur mesure » ? Comment allons-nous protéger le génome humain qui fait partie du patrimoine de l’humanité, et éviter tout risque d’eugénisme, comme l’a rappelé récemment l’Unesco ?
Les conclusions de ce colloque seront publiées prochainement.
Pour aller plus loin :