par Valérie Pillon
Une jeune fille belge de 24 ans, Laura, atteinte d’une très grave dépression, sera euthanasiée « dans l’été » après l’accord de trois médecins qui, devant l’échec de la prise en charge médicale, reconnaissent comme légitime sa demande d’euthanasie à cause de ses souffrances psychiques intolérables. Et en effet, la description des symptômes de Laura et la durée de la maladie rendent difficile la prise de parole par des gens bien-portants et indignés.
Dans le concert médiatique bien orchestré, une voie s’élève pourtant, celle d’une italienne qui a vécu le même enfer que Laura au même âge. Milly Gualteroni témoigne comment son besoin vital d’amour a été comblé et surtout dénonce le cynisme des médecins qui veulent ignorer que la demande de mort est un appel à l’aide desespéré.
Quand nos désirs nous empoisonnent, la puissance éducatrice du « non » est libératrice. Que signifie le « oui tu peux mourir » médical sinon une reconnaissance du non-sens de la vie ?
Or Laura a un projet : son euthanasie médiatisée, qui la soulage – elle le dit dans la presse – et paradoxalement la fait vivre ! Sinon pourquoi attendre « l’été » qui d’ailleurs est déjà là ? Pourquoi ne pas prendre le temps d’emmener Laura avec précaution et tendrement vers un projet de vie durable ?
Ce temps que Laura se donne sera-t-il celui de la prise de conscience de son manque de liberté ? Oui Laura est prisonnière : prisonnière des médias qui ont annoncé sa mort, des médecins à la mentalité euthanasique, des lois mortifères de son pays qui ne protègent pas les personnes vulnérables.