En cette journée internationale pour les droits de la femme, il est légitime de s’inquiéter de diverses menaces qui assombrissent l’horizon en France, en Europe et dans le monde, à commencer par la GPA.
Certes de remarquables progrès ont été accomplis dans certains domaines pour réduire les situations d’injustice et protéger les femmes (dénonciation et diminution des violences faites aux femmes, protection sociale, équité face à l’emploi et à l’autonomie économique), et beaucoup reste encore à faire. Mais les arguments d’égalité et de liberté sont parfois interprétés de manière tendancieuse, et s’exercent finalement au détriment des femmes plutôt qu’en leur faveur.
Tout d’abord, une forte pression s’exerce aujourd’hui pour inciter l’ensemble des pays européens à libéraliser la Gestation Pour Autrui. Les arguments avancés sont de donner accès à la parentalité sans discrimination, d’autoriser les femmes qui le souhaitent à louer leur ventre, et d’encadrer ces pratiques en les rendant accessibles dans nos pays alors qu’elles se développent de manière croissante au niveau international. C’est donc au nom de la liberté et de l’égalité d’accès à un service de qualité, que l’on va asservir des femmes en louant leur ventre pour 9 mois de grossesse puis leur arracher le bébé qu’elles auront porté, souvent au service de femmes qui refusent de mettre en péril leur carrière ou leur confort, ou de célibataire qui veulent s’affranchir d’un partenaire de l’autre sexe pour procréer et éduquer un enfant. L’enfant lui-même va faire l’objet d’un contrat pour être livré à des parents demandeurs par une mère porteuse instrumentalisée. Dans ce marché de la procréation soumis à la pression économique et livré à la loi de l’offre et de la demande, femmes et enfants sont victimes pour satisfaire les droits et les revendications d’égalité d’individus plus favorisés.
Dans le même temps, lorsque la grossesse survient de manière inattendue, la seule liberté garantie aux femmes est celle de l’IVG, et aucun obstacle ne saurait s’y opposer. Dans cette perspective, la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale a émis 21 propositions, dont celle de supprimer le délai de réflexion d’une semaine avant la pratique d’une IVG. Voilà bien une proposition qui fait l’impasse sur ce que vivent réellement les femmes confrontées à la question de l’IVG. Face à un sentiment de panique passager, à la pression de l’entourage, ou aux incontournables questions matérielles, la femme a besoin de temps pour prendre du recul et trouver les soutiens et les aides qui lui permettront une décision réellement libre. Plutôt que de supprimer le délai de réflexion, il serait plus utile de rétablir l’information sur les aides aux femmes enceintes qui a été supprimée en 2001 des dossiers-guides remis aux femmes s’informant pour une IVG. Une fois encore la liberté est offerte à sens unique, au détriment des femmes enceintes en situation de vulnérabilité, et qui pourront reprocher à juste titre de n’avoir été ni informées ni soutenues.
Enfin, les droits des femmes se discutent de plus en plus au niveau Européen. Or une nouvelle directive votée par le parlement européen en 2009, la directive pour l’égalité de traitements (Equal Treatment Directive), n’a toujours pas été mise en application. Le président de la commission Jean-Claude Juncker s’est engagé à obtenir son application effective malgré les réticences de certains pays européens. Cette directive vise à interdire au sein de l’Union Européenne toute discrimination en raison de la religion, de l’âge, du handicap, du sexe ou de l’orientation sexuelle, dans tous les domaines que sont l’emploi, l’éducation, les biens et services, la santé et protection sociale. La recherche de l’équité entre les personnes, et la lutte contre les injustices sont à promouvoir et on devrait s’en réjouir. Mais dans la pratique, cette égalité des droits se traduit par la recherche d’une équivalence statistique des hommes et des femmes dans tous les domaines de la vie sociale. Cette indifférenciation des rôles de l’homme et de la femme nous prive des bénéfices de leurs complémentarités. Mais surtout elle supprime toute légitimité à une aide différenciée et substantielle des femmes dans les situations qui leur sont spécifiques, en particulier la maternité. Pour exemple, en France la femme se voit déjà privée de 6 mois de congé parental au nom d’une prétendue égalité qui est dans la droite ligne de la directive européenne. Celle-ci risque en outre d’imposer à tous les pays européens, sous couvert d’égalité de droits, les dispositifs les plus libéraux et les moins protecteurs adoptés par certains membres de l’Union. La GPA est bien sûr en première place.
Ces trois exemples nous invitent à la vigilance envers le législateur. Prenons garde que la liberté et les droits promus par certains ne s’exercent pas en faveur d’une minorité de personnes au détriment de toutes les autres.
Et mettons-nous plutôt à l’écoute des femmes, sans leur imposer de vivre à l’identique des hommes, ou de s’affranchir d’une maternité tour à tour banalisée, rejetée ou asservie. Ecoutons ce qu’elles ont à nous apprendre du respect du corps et du sens de la vie. Hommes et femmes, nous aurons beaucoup à y gagner, pour une société respectant réellement les droits de chacun.