La chute de l’adoption internationale

12/02/2015

Les chiffres publiés par l’Institut National d’Etudes Démographiques (Ined) le 11 février 2015 montrent que l’adoption internationale s’est effondrée ces dernières années.

Il y a 10 ans, on comptait environ 40 000 adoptions internationales de mineurs par an dans le monde. Entre 2004 et 2013, le nombre d’adoptions internationales de mineurs a chuté des deux tiers dans les 10 pays qui adoptent le plus, y compris en France. Le nombre de couples ou d’individus candidats à l’adoption n’a pas baissé, mais celui des mineurs « adoptables » a fortement diminué. Ainsi, il y a en France 18 000 couples possédant un agrément pour adopter, et seuls 1 069 enfants étrangers ont été accueillis en 2014.

Cette baisse des adoptions internationales a plusieurs causes. D’une part, l’adoption nationale est de plus en plus privilégiée par les Etats, qui mettent en place des politiques sociales et familiales encourageant cette démarche pour que les enfants ne soient pas déracinés de leurs pays. D’autre part, les femmes ne désirant pas d’enfants ont de plus en plus recours à la contraception et à l’avortement. En outre, chaque pays a tendance à renforcer les conditions pour les adoptants, afin de se prémunir des risques de trafic d’enfants. Enfin, l’adhésion croissante des Etats à la Convention de La Haye (charte éthique sur la protection des enfants adoptables et la coopération entre pays) conduit à donner la priorité à l’adoption nationale.

Plus spécifiquement pour la France, la loi sur le mariage des couples de même sexe ouvrant le droit à l’adoption aurait aussi amené des pays à durcir leurs conditions, comme la Russie avec une suspension de plusieurs mois des adoptions en 2013.

Tous ces facteurs favorisent l’adoption des nourrissons (moins de 2 ans), en bonne santé, par des familles dans leur pays d’origine. En conséquence, les enfants qui sont adoptés à l’international sont en grande partie des enfants dits « à besoin spécifique », c’est à dire malades, porteurs d’un handicap, âgés de plus de 5 ans ou en fratrie (de 3 enfants et plus). En France, cela représente 63 % des enfants arrivés en 2014 : un tiers des adoptés internationaux ont plus de 5 ans, et un quart d’entre eux présentent une pathologie.

Avec cette baisse des adoptions internationales, l’Ined considère qu’on peut s’attendre à une augmentation des demandes de procréation médicalement assistée et des pratiques de gestation pour autrui. Les débats en France sur ces pratiques risquent donc de s’amplifier, compte tenu des questions éthiques importantes qu’elles soulèvent. Rappelons que le but de l’institution de l’adoption est de redonner une famille à un enfant qui en a été privé par des événements extérieurs.

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