Xavier Mirabel, interrogé par l’OPECST sur le thème du traitement de la douleur pour faire un « Etat des lieux de la gestion actuelle de l’apaisement de la douleur ». L’OPECST est le seul organisme commun entre les députés et les sénateurs (18 de chaque assemblée). Il est chargé d’éclairer les décisions des parlementaires et à cette fin, « il recueille des informations, met en œuvre des programmes d’études et procède à des évaluations ».
Synthèse de l’intervention de Xavier Mirabel (durée totale 6 mn) : Plusieurs constats :
- Les progrès dans le soulagement de la douleur ont été extraordinaires ces dernières années.
- L’évaluation du malade douloureux demande du temps. Est-ce que ce temps nous est donné comme soignant ? Est-ce que la société nous le donne ?
- Les approches non-médicamenteuses sont les parents pauvres : par exemple, la kinésithérapie.
- Nos dispositifs ne prennent pas assez en compte les souffrances autres que physiques, qu’elles soient morales, psychiques, psychologiques, sociales ou spirituelles…
- Soulager ne dépend pas que des médecins : il y a aussi la famille, les proches, les bénévoles.
Quelques pistes d’amélioration :
- Développer les soins palliatifs. Encore faudrait-il que la loi du 9 juin 1999 puisse être pleinement mise en œuvre dans notre pays, comme la loi de 2005.
- Rendre plus accessibles les consultations pour la douleur ; plusieurs semaines d’attente parfois ; certaines équipes mobiles de soins palliatifs s’inquiètent qu’on ne fasse pas assez appel à elles : il y a un problème culturel.
- L’effort principal est à faire sur la formation des professionnels de santé, qui est tout à fait insuffisante.
- On a besoin d’un effort collectif de recherches.
- Un travail de communication et d’information reste à faire : il y a des craintes infondées sur les effets indésirables des antalgiques.
Quelques fausses pistes :
- La sédation en phase terminale, c’est très bien ; par contre la sédation terminale nous pose question.
- Supprimer la conscience pour soulager la souffrance : efficace mais pas la solution humaine qu’on peut espérer.
- L’euthanasie comme solution ultime est une erreur sur la fraternité.
- Réglementer sans fin sur la pratique médicale : ça n’est pas parce qu’une loi est mal connue qu’il faut la remplacer.
- L’objectif « Zéro douleur, zéro souffrance » n’est-il pas une utopie, compte-tenu de la nature humaine ?
Conclusion : La souffrance ne peut se résoudre à la seule technique médicale. La relation humaine doit être une priorité dans une prise en charge moderne. Ne nous trompons pas de cible : le problème ne consiste pas à supprimer la souffrance « à tout prix », mais plutôt à soulager au mieux toutes les formes de douleurs, par un mélange du « savoir-faire » médical et aussi du « savoir-être » fraternel.