Communiqué de presse : Paris, le 16 janvier 2015
Plutôt que des mesures à sens unique visant à renforcer l’IVG, il est urgent de considérer la réalité de l’avortement et de conduire une politique de prévention de l’IVG en cas de grossesse imprévue ou difficile.
Les mesures annoncées visent à multiplier le nombre de prescripteurs et à faciliter l’accès à des données techniques sur l’IVG. Alors que cet acte demeure un événement difficile à vivre pour beaucoup de femmes, aucune autre perspective que l’IVG n’est envisagée pour les aider face à un dilemme souvent douloureux. Dans chaque IVG, c’est le destin de deux vies qui est en jeu. Aussi les tentatives de banaliser l’interruption volontaire de grossesse, ou de nier le caractère dramatique de l’expérience vécue par de nombreuses femmes, constituent une forme de violence psychique.
Pour Alliance VITA, les pouvoirs publics ont renoncé à une vraie politique de prévention de l’IVG, en cas de grossesse imprévue ou difficile alors que 72% des femmes qui recourent à l’IVG étaient sous contraception lorsqu’elles sont devenues enceintes. C’est particulièrement préoccupant dans le contexte économique et social actuel. La loi du 4 juillet 2001 avait déjà supprimé du dossier-guide remis aux femmes qui viennent s’informer pour une éventuelle IVG, la présentation des aides et protections assurées aux femmes enceintes. De même, aucune information concernant ces droits et aides ne figure sur le site actuel du Ministère de la santé, dans l’espace consacré à l’IVG.
Pour la Haute Autorité de la Santé, citée dans le rapport de l’IGAS sur la prévention des grossesses non désirées (2010) « L’IVG demeure un évènement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique. Cette dimension manque d’éclairage objectif et scientifique » Aucune évaluation n’a été conduite depuis ce constat par les pouvoirs publics.
Pour Caroline Roux, Déléguée générale adjointe et coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA : «Les mesures sont inadaptées faute de ne pas vouloir regarder la réalité en face. Trop de femmes, jeunes et moins jeunes, se sentent jugées, rejetées quand elles révèlent être enceintes. La violence des pressions dont certaines femmes enceintes sont l’objet devrait être davantage prise en compte. C’est pour nous une préoccupation majeure.
Peut-on encore accueillir une grossesse non programmée ? Quand on sait que 72% des femmes qui recourent à l’IVG étaient sous contraception lorsqu’elles sont devenues enceintes, cela pose question. Les femmes qui s’adressent à nous évoquent leurs difficultés à pouvoir éviter l’IVG, souvent sous la contrainte de leurs situations personnelles et des pressions qui s’exercent sur elles. Nous constatons fréquemment des pressions de la part des hommes ou encore, pour les plus jeunes filles, une peur panique de l’annoncer à leurs parents.
Dans les mesures préconisées, rien n’est fait pour prévenir l’IVG quand la grossesse a démarré. Avec la pratique devenue majoritaire de l’IVG médicamenteuse possible avant 7 semaines de grossesse (à l’hôpital) ou 5 semaines (à domicile), les femmes ont souvent très peu de temps pour une réflexion. C’est pourtant un moment où elles sont soumises à des conflits intérieurs et extérieurs qui nécessiteraient du temps pour se dégager de toute pression. Nous constatons que les femmes se retrouvent trop souvent confrontées dans la précipitation à une information uniquement technique sur l’IVG. Les aides et le soutien pour poursuivre une grossesse sont bien plus difficilement accessibles. Il est particulièrement préoccupant de voir les centres d’information se transformer en centres d’avortements comme le préconise le gouvernement. »
Alliance VITA demande que soit conduite une politique ambitieuse de prévention de l’IVG et que soit introduite dans la loi une mesure garantissant une information équilibrée sur les droits, aides et démarches pour les femmes enceintes, seules ou en couple, ainsi que le descriptif de leur protection sociale. Cela pourrait contribuer à résoudre un grand nombre de drames personnels, en présentant aux femmes des perspectives autres que l’avortement et les protéger des violences dont elles peuvent être l’objet. Elle demande également qu’une étude objective et scientifique soit conduite sur les conséquences psychologiques et humaines de l’IVG au niveau national.