Deux sondages Ifop parus les 19 et 20 décembre viennent contredire l’idée selon laquelle une immense majorité des Français serait favorable à une légalisation de l’euthanasie en France, et confortent la priorité donnée aux soins palliatifs.
Le 20 décembre, Le Figaro a rendu public un sondage de Ifop pour le collectif Soulager mais pas tuer, qui révèle que 94% des Français plébiscitent les soins palliatifs. La veille, a été publié un autre sondage Ifop pour Ouest-France, selon lequel, en cas de maladie grave en phase terminale, 53% des Français souhaitent avoir recours aux soins palliatifs, contre 47% qui souhaiteraient «recevoir une injection mortelle », autrement dit être euthanasiés. Ces résultats donnent une image de l’opinion française différente d’un autre sondage paru la même semaine dans Paris-Match, selon lequel 88% des Français seraient favorables à l’autorisation de l’euthanasie active pour les personnes en fin de vie qui en feraient la demande.
Dans le dernier sondage de l’ADMD, en octobre dernier, cette proportion atteint 96% (Ifop-ADMD – Le regard des Français sur la fin de vie – oct. 2014). A la différence de ces sondages, les enquêtes de Soulager mais pas tuer et Ouest-France mettent en lumière ce que souhaitent les Français pour eux-mêmes. Elles montrent leurs angoisses : 37% des sondés ont comme plus grande peur de faire l’objet d’un acharnement thérapeutique. Le refus de l’acharnement thérapeutique arrive en tête (55%) de leurs deux priorités pour leur fin de vie (Ifop-Soulager mais pas tuer).
Une crainte liée à la méconnaissance de la loi fin de vie de 2005 ? Selon le sondage commandé par Ouest France, seuls 52% des Français savent que la loi oblige les médecins à respecter la liberté de ne pas être maintenu artificiellement en vie. La peur de souffrir est également une des grandes craintes des Français : pour 33%, « subir des douleurs » constitue la plus grande crainte, et 50% ont comme une de leur deux priorités de ne pas « subir de douleur » (Ifop-Soulager mais pas tuer). Comme le souligne Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l’Ifop dans le Figaro, « Les Français expriment avant tout une angoisse de voir leur vie prolongée inutilement dans la souffrance ».
L’euthanasie n’arrive en tête des priorités que pour 34 % des Français, soit en quatrième position, bien après le refus de l’acharnement thérapeutique et de la souffrance, mais aussi après la volonté d’être accompagné : 43% souhaiteraient être accompagnés sur le plan psychologique, spirituel ou social. Pour le Pr Olivier Jonquet, chef du service de réanimation médicale du CHU de Montpellier et porte-parole du mouvement Soulager mais pas tuer, dans les unités de soins palliatifs, « les demandes d’euthanasie disparaissent dès lors que l’on prend soin des patients et que l’on soulage leur douleur. »
Enfin, les Français voient les risques d’une légalisation de l’euthanasie en France. Le sondage Ouest-France révèle que pour 53% des Français, la légalisation de l’euthanasie entraînerait le risque qu’un individu ou groupe d’individus puisse décider de la vie ou de la mort d’autres personnes. 49% des Français craignent que des personnes âgées subissent des pressions pour accepter une euthanasie et 48% que des enfants soient euthanasiés sans limite d’âge. Ils sont enfin 42% à craindre que l’on développe la pratique de l’euthanasie pour des raisons économiques.