La police aux frontières de Perpignan a interpellé, dans la nuit du 11 au 12 mars 2014, trois personnes soupçonnées de vouloir faire avorter contre son gré en Espagne une femme enceinte de plus de 5 mois.
Selon le Midi Libre, ce sont les sapeurs-pompiers de Grenoble qui ont été alertés peu avant minuit par la mère d’une jeune femme de 31 ans : celle-ci aurait été emmenée vers l’Espagne par son compagnon, ainsi que par le frère et la sœur de celui-ci, sans savoir le but du voyage. Elle aurait compris leurs motifs au cours du trajet. C’est alors qu’elle aurait prévenu ses proches en profitant d’un arrêt. Deux heures après l’alerte, la police aux frontières a intercepté les voitures juste avant la frontière, près de Perpignan. Les motifs de l’avortement ne sont pas connus.
Si cette affaire se confirme, elle révélerait que les filières d’avortements tardifs perdurent en Espagne, alors qu’elles avaient été fortement dénoncées en 2006 par la presse danoise à la suite d’un reportage dans une clinique espagnole : « Ce reportage, diffusé (…) par la 1ère chaîne de télévision danoise DR1, dénonce le fait que des médecins d’une clinique de Barcelone réalisent des interruptions de grossesse illégales jusqu’à la 32e semaine sur des femmes venues de toute l’Europe, notamment de France. Munie d’une caméra cachée, une journaliste de DR1, entamant son huitième mois de grossesse, avec un fœtus sain, s’est vu proposer pour 4.000 euros un avortement par un médecin espagnol, le Dr Carlos Morin, directeur de la Clinica M.C, à Barcelone » (AFP 30 septembre 2006).
Cet évènement intervient alors qu’en Espagne, le gouvernement a présenté un projet de loi le 20 décembre 2013, visant à revenir aux principes en vigueur entre 1985 et 2010, avec des conditions plus strictes : l’IVG serait possible soit « en raison du grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme », soit si la grossesse est une « conséquence d’un délit contre la liberté ou l’intégrité sexuelle de la femme ». Un des objectifs affichés est de respecter la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006, qui interdit les pratiques eugéniques.