Une enquête a été réalisée par internet fin février 2014, à l’initiative du Journal des Femmes, pour interroger un panel de Français sur les différentes mesures faisant débat dans le cadre d’un éventuel projet de loi sur la famille.
Cette étude est basée sur un échantillon d’environ 2/3 de « familles traditionnelles » et 1/3 d’autres schémas familiaux (familles monoparentales, recomposées, homoparentales). Elle cherche à mettre l’accent sur l’évolution des mentalités quant à la conception de la famille au sens « traditionnel » du terme. Si 7 personnes interrogées sur 10 pensent que « les schémas familiaux doivent évoluer avec la société », le sociologue Christophe Giraud souligne cependant, dans son analyse du sondage, l’ambivalence de cette réponse : « Les Français sont d’accord pour que la société prennent en compte les différentes familles, mais en tant qu’individus, ils ne se sentent pas forcément concernés ».
En 2011, l’INSEE dénombrait 1,5 million d’enfants de moins de 18 ans (sur environ 13,5 millions) vivant dans 720 000 familles recomposées, dont 940 000 enfants avec un parent et un beau-parent. Dans ce contexte, 57% des personnes interrogées se prononcent en faveur d’un statut légal pour le beau-parent, sans que l’on sache précisément ce que contiendrait ce statut. Christophe Giraud évoque principalement « le droit de visite d’un beau-parent pour maintenir ce lien qui s’est créé avec l’enfant, même après que le lien conjugal s’est brisé ».
Concernant les personnes favorables à la Procréation Médicalement Assistée (PMA), 50% sont « pour, mais uniquement pour les couples homme-femme », et 22% « pour, pour tout le monde, après examen du dossier par des spécialistes ». Seulement 22% le sont « pour tout le monde, y compris les couples homosexuels ». Cette répartition des choix possibles reste cependant assez confuse.
Sur la Gestation Pour Autrui (GPA), seulement 10% se déclarent « à 100% pour » et 46% « pour, mais à certaines conditions ». La principale raison de l’opposition à la GPA est que « le corps d’une femme n’est pas à louer ou à vendre ».
Pour les enfants nés sous X, 55% estiment que l’enfant devrait connaître l’origine de ses parents et éventuellement ses antécédents médicaux. Ils sont 52% à penser que cet enfant puisse « accéder à son dossier et savoir qu’il a été adopté », et 40% qu’il devrait « pouvoir connaître ses parents surtout s’ils sont d’accord ». Christophe Giraud explique ces résultats par le fait que, pour les Français, « l’origine familiale est perçue comme une composante importante de l’individu. Pour autant, ils ne sont pas prêts à supprimer la possibilité pour une femme d’accoucher sous X, mais semblent favorables aux solutions médianes consistant à faciliter l’accès à une certaine information sur eux-mêmes ».
Ces réponses sont à mettre en perspective avec une autre enquête réalisée en 2011 par l’INSEE, selon laquelle 90% des Français estiment que « pour grandir en étant heureux, un enfant a besoin d’un foyer avec un père et une mère ».