En ce jour de fête des pères, j’adresse toutes mes félicitations et mes vœux de bonheur aux pères qui ont la chance d’être entourés de leurs enfants, et qui leur transmettent tout ce qu’ils ont de meilleur. Mais je pense aussi à toutes ces situations d’enfants privés de père, et de pères privés d’enfant.
Un rapport de l’INED de mai 2013 révèle qu’un cinquième des enfants de parents séparés ne voient jamais leur père. Par ailleurs, les familles monoparentales représentent 20% des familles, et 85% d’entre elles sont composées d’une femme seule. Alors où sont les pères ? D’un côté on les retrouve en haut des grues de chantier, criant leur désespoir de ne plus voir leur enfant. De l’autre, des femmes se découvrent abandonnées à l’annonce de l’arrivée d’un enfant, portant seules le désir et la responsabilité de l’accueillir dans la vie. Au milieu, ce sont des enfants qui, quand ils ont la chance de naître, restent souvent hantés par la douloureuse énigme de l’absence de leur père, comme le chante si bien Stromae dans sa chanson « Papaoutai ».
Il n’appartient à personne de juger les acteurs de ces situations, tant les blessures qui en résultent sont vives. Mais il est urgent de s’interroger sur ce qui empêche les pères de trouver leur place, et les moyens de les aider à mieux la prendre.
On invoque souvent une société de consommation qui pousse à l’individualisme et n’invite pas à sacrifier son confort pour élever un enfant. Pourtant, l’arrivée de l’enfant, si elle bouleverse une vie et en change les perspectives, constitue aussi un accomplissement pour l’homme. Il n’est qu’à voir la fierté du père tenant son premier enfant dans ses bras. Un jeune est prêt à affronter tous les bouleversements du monde s’ils sont porteurs de sens et de valeur pour lui. Or le monde contemporain ne cesse de vider la paternité de son sens. Le féminisme, dans sa lutte légitime pour l’égalité et la dignité de la femme, a commencé par priver la femme de son rôle de mère qualifié d’asservissement. Puis en voulant partager de manière identique l’exercice de la parenté, elle a privé l’homme de son rôle spécifique de père. La théorie du genre voudrait nous interdire de voir une maman attentive et câline, et un père qui incarne l’autorité et encourage. C’est le principe même de l’autorité paternelle et de sa responsabilité de protection de la mère et de l’enfant qui se trouve contesté par un Etat omniprésent, investi de l’autorité éducative et de la protection sociale.
Au final, ce sont des femmes isolées, des pères déboussolés et des enfants abandonnés que l’Etat doit prendre en charge car il ne fait plus confiance aux familles pour soutenir la cohésion sociale. Alors fêtons chaleureusement les pères, réjouissons-nous que les trois quarts des enfants français vivent encore avec leur papa et leur maman, et valorisons le rôle si précieux et irremplaçable du père dans l’éducation des enfants.