Les opposants à la loi Taubira et à l’idéologie du gender voient déferler sur eux un flot de haine et d’amalgames avilissants. Ce déchaînement de violence ferait vite oublier que leur protestation reste paisible et pacifique : on les rend responsables de la violence dont ils sont victimes, et ceux comme Monsieur Bergé qui se réjouissent à la perspective d’une bombe décimant leurs rangs ne sont pas inquiétés. D’où peuvent donc venir tant de mépris, d’agressivité et de mauvaise foi ?
Il faut se garder de juger ceux qui nous agressent avec tant de virulence, sans pour autant s’interdire d’analyser pourquoi. Leur violence peut cacher une douleur que nous devons savoir accueillir, dans un profond respect qui exige de chercher à comprendre ces personnes en vérité et sans tabou.
Si l’on se réfère aux études de genre, la personne homosexuelle exprime une identité de genre sur le plan social ou même psychique, qui diffère de la complémentarité inscrite dans son identité biologique sexuée. La théorie du gender va jusqu’à récuser tout déterminisme du sexe biologique sur le comportement social ou le développement psychique. La confrontation entre cette aspiration intérieure à une liberté émancipée, et les limites de la réalité naturelle, peut-être source de frustration, ou même de blessure de l’estime de soi, comme l’analyse avec finesse et authenticité Philippe Ariño à partir de sa propre expérience et de ses connaissances homosexuelles. Mais l’affirmer constitue une agression inaudible pour les personnes homosexuelles, contestées non dans leurs actes mais dans leur identité même. S’ajoute au niveau du couple homosexuel la souffrance d’un désir d’enfant insatisfait. Leur opposer la réalité naturelle que la procréation est incompatible de la relation homosexuelle, c’est contester le bien-fondé soit de leur désir, soit de leur amour. Personne ne peut accepter d’autrui une telle remise en cause, qualifiée immédiatement d’homophobie.
Faut-il pour autant se taire ? Malheureusement non, car aussi douloureux et délicat que puisse être le dialogue, la souffrance homosexuelle ne justifie en rien de satisfaire leurs désirs au mépris du réel et de la justice à l’égard des enfants. Au contraire ! Certaines personnes homosexuelles vont se défendre contre la souffrance ressentie, en renvoyant agressivement la responsabilité de cette souffrance vers ceux qui osent en parler ouvertement. Elles vont également s’efforcer de justifier et légitimer leur situation, par la théorisation du gender. Toute différence de droit fondée sur la nature ou la complémentarité des sexes (comme dans la procréation et la filiation) est interprétée comme une injustice. Et pour effacer toute discrimination, l’indifférenciation des genres est inculquée dans les écoles comme dans les médias. Résultat, pour se protéger de souffrances liées à l’incapacité à consentir à son identité sexuelle, certains cherchent à imposer comme norme de comportement ce refus qui est la source même de leur souffrance.
Sachons accueillir avec bienveillance ces personnes, ce qu’elles portent en elles, et l’expression parfois agressive de leur souffrance, sans pour autant légitimer ce qui en est la cause. De même que la personne homosexuelle ne se réduit pas à son orientation homosexuelle, l’accueil des personnes homosexuelles ne se réduit pas à une institutionnalisation de l’homosexualité.