Porte-parole de La Manif Pour Tous et Délégué général d’Alliance VITA, Tugdual Derville réagit à la façon dont le pouvoir en place traite le mouvement social historique opposé à la loi Taubira.
« Après avoir ignoré, dévalorisé et minimisé le plus grand mouvement social ayant surgi depuis plusieurs dizaines d’années dans notre pays, jusqu’à écarter la pétition la plus importante jamais réunie dans le cadre de la démocratie participative, le gouvernement vient à présent de changer de ton vis-à-vis de La Manif Pour Tous. Elle est soudain dénigrée avec, comme « éléments de langage », la haine, la violence et l’homophobie. C’est une caricature particulièrement injuste et dangereuse, alors que l’objectif même de nos manifestations est la paix sociale, au service du plus vulnérable, et que nos marches immenses ont été reconnues comme particulièrement dignes. J’appelle les manifestants à enraciner la pérennité de notre mouvement dans la non-violence intérieure, une attitude sincère irrépressible, c’est-à-dire impossible à réprimer. Nous constatons par ailleurs l’émergence du mouvement indépendant des Veilleurs, qui semble être lui aussi fondé sur la résistance passive et l’intériorisation des enjeux, résolument non violente.
La Manif Pour Tous n’a rien à voir avec les groupuscules extrémistes utilisés par le gouvernement pour la dénigrer ; elle n’a rien à voir non plus avec les agressions insupportables dont les personnes homosexuelles peuvent être victimes. Rappelons que, en tête de nos banderoles, la fraternité des opposants à la loi Taubira se vit indépendamment des orientations sexuelles. En accusant notre mouvement d’homophobie au seul motif qu’il s’oppose au « mariage » entre personnes de même sexe assorti de la possibilité d’adopter des enfants, le gouvernement jette de l’huile sur le feu et alimente la peur, comme s’il y avait des millions de dangereux homophobes prêts à descendre dans la rue. La lutte contre l’homophobie se dévoie en changeant la définition de ce qu’elle représente : l’homophobie est, en réalité, la haine, les injures, et les discriminations injustes liées à l’orientation sexuelle. La simple opposition à ce projet de loi ne saurait honnêtement être taxée d’homophobie.
En méprisant notre immense mouvement et en refusant de prendre en compte son ampleur et ses perspectives à long terme, le gouvernement commet une faute politique. Il ne réalise pas que nous agissons au-delà des clivages partisans. Et qu’il devra un jour, ne serait-ce qu’à l’occasion des prochaines échéances électorales, dialoguer avec nous, pour mieux servir le bien commun.
La question que nous posons ne peut être balayée du bras : « Quels sont les repères anthropologiques précieux pour tous, à reconnaitre pour qu’ils soient protégés et transmis aux générations futures ? » L’émergence de l’écologie humaine répond à cette question nouvelle, face à d’immenses défis techniques et culturels qui appellent une nouvelle solidarité.
Tugdual Derville participera à la prochaine grande manifestation, dimanche 21 avril 2013 à Paris.