Lundi 10 septembre était la journée mondiale de prévention du suicide. Un million de personnes en meurent chaque année dans le monde, soit d’après l’OMS, plus que les victimes des guerres et d’homicides réunies. En France, on compte chaque année 160 000 tentatives de suicide qui aboutissent à 10 000 décès.
Évidemment, les responsables politiques et les autorités sanitaires sont sensibles à la prévention du suicide. Comment pourrait-il en être autrement, alors que la réalité du suicide, des souffrances qui le suscitent et des souffrances qu’il provoque sont si prégnantes ?
Mais, dans le même temps, ceux qui sont favorables à l’euthanasie prennent inévitablement une posture teintée d’ambivalence. Comment en effet vouloir d’un côté prévenir le suicide et de l’autre vouloir légaliser le « suicide médicalement assisté » ? Ce grand écart entre deux positions antinomiques n’est guère tenable.
Difficile de prétendre vouloir limiter le nombre de suicides, faire de la prévention et secourir les suicidaires et, dans le même temps, affirmer que le suicide est un droit, une « ultime liberté », qu’il conviendrait dorénavant d’imposer ce nouveau droit qu’il faudra faire respecter. Voilà qui pourrait expliquer pourquoi la mobilisation des politiques sur la prévention du suicide peut sembler moins déterminée cette année.
Il faut bien reconnaître que la prévention du suicide est difficile et exigeante. D’autant plus lorsqu’on laisse s’installer des doutes sur la valeur sociale et morale du suicide. Si le suicide est un « bien » aux yeux de certains, pourquoi alors vouloir le prévenir ?
Le rapport annuel de la commission fédérale belge de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie vient d’être publié. J’en retiendrai trois informations marquantes :
1°) le nombre d’euthanasies de personnes ne souffrant pas de maladies entraînant un décès à brève échéance a doublé en 4 ans
2°) seulement 10% des médecins pratiquant l’euthanasie consultent des médecins de soins palliatifs
3°) 58 personnes souffrant d’affections neuropsychiques, dont la maladie d’Alzheimer, ont été euthanasiées au cours de ces deux dernières années.
Par ailleurs, un article publié par des universitaires belges montre qu’en Flandres seulement 58% des euthanasies ont été déclarées.
Il apparaît donc que l’euthanasie se développe, même pour des personnes ne souffrant pas de maladies létales, que le consentement des personnes à leur euthanasie n’est plus requis, qu’une prise en charge adéquate des symptômes n’est pas assurée et que l’euthanasie clandestine ne fait qu’augmenter.
Voilà où conduit la résignation face à la souffrance et à la tentation suicidaires. Alors, à propos du suicide, l’ambivalence n’est pas de mise !