L’élection de François Hollande a concrétisé la menace de deux « basculements de société » inscrits dans son programme. Est-il encore utile de leur résister ?
Rendue publique le mardi 17 juillet 2012, au détour d’une visite présidentielle dans un centre de soins palliatifs, une mission sur la fin de vie est confiée au professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). En s’interdisant encore de prononcer le mot euthanasie, François Hollande s’est interrogé sur la nécessité d’aller jusqu’à un « acte médical assumé » dans des situations ultimes.
La mission Sicard risque donc d’aboutir à une posture intermédiaire à haut risque : l’euthanasie « d’exception ». Pour les uns, lâcher du lest pour les cas exceptionnels reste le seul moyen d’éviter le grand saut vers un « droit à l’euthanasie ». Ils plaident pour un repli tactique qui permettrait de gagner du temps. Pour les autres, l’exception est au contraire le premier pas vers de futures transgressions comme celles constatées en Belgique ou en Hollande. N’est-ce pas toujours par une première exception que les principes intangibles commencent à être vidés de leur substance ?
La mission Sicard doit être suivie par la saisine du CCNE avant que le Parlement n’agisse. Le débat pourrait être long et à rebondissements. L’option législative pour le « mariage » homosexuel est plus claire et immédiate : le processus législatif doit être bouclé avant la gay pride 2013. Il serait donc lancé dès le début de l’automne. La réforme implique le droit d’adopter des enfants pour deux personnes de même sexe. Un droit qui s’arti¬culerait avec les techniques de procréation artificielle. Tout le corps social serait impacté : la formule père et mère devrait être remplacée à l’état civil par parent 1, parent 2… Pour commencer.
Alors que la valse-hésitation sur l’euthanasie redonne des forces à son opposition, l’imminence du prétendu « mariage pour tous » sus¬cite des attitudes contrastées, voire désordonnées : une partie des opposants se coordonne et s’organise, d’autres sont tentés d’en découdre de façon agressive ou désordonnée, d’autres encore semblent tétanisés face à l’inéluctable : à quoi bon se battre si c’est pour perdre ? Avec pareille philosophie, un certain David aurait pu renoncer à ramasser quelques galets. Pourtant, les cailloux à glisser dans les chaussures de la prétendue « homofiliation » ne manquent pas.
Ne pourrait-on voir dans ce débat une opportunité unique d’informer les Français, abrutis par le conformisme médiatique, sur la réalité de ce qui se joue dans les bricolages procréatifs homosexuels ? Un zeste de bon sens suffit à contredire la notion, créée de toutes pièces, d’homoparentalité. On ne saurait priver impunément un enfant d’un père ou d’une mère, ni multiplier le nombre des prétendus parents. Ne serait-ce qu’en raison du principe de précaution ou de l’application à l’homme des bases de l’écologie. Face à l’oppression, est-il juste de perdre sans se battre ? Ce ne serait pas seulement déshonorant : l’absence de résistance à cette étape faciliterait l’accélération des dérives en encourageant de nouvelles revendications. Or, elles sont déjà en embuscade : « mariage » homosexuel religieux, procréation à l’aide de gènes combinés de plusieurs hommes ou femmes assortis de systèmes juridiques donnant à trois ou quatre adultes le statut de « parents » d’un même enfant, avec égalité des « droits et devoirs ». C’est aujourd’hui en débat en Californie. Son sénateur démocrate a été touché par un fait divers : deux femmes reconnues, selon la loi, « mères » d’un même enfant s’étant bagarrées, l’une est hospitalisée et l’autre en prison ; le donneur du sperme a proposé d’adopter l’enfant pour éviter son placement. Le sénateur Leno veut lui permettre « dans l’intérêt de l’enfant » de devenir son troisième parent. Imparable dans la logique de l’« homofiliation » alors que les recompositions familiales ne conduisent jamais à donner à un beau-parent le statut de parent.
En Belgique, où de tels imbroglios fleurissent, c’est sans vrai débat ni bataille argumentaire que le « mariage » homosexuel s’est installé. L’Histoire — voire le sport — fourmille de « barouds » qui ont — contre toute attente — provoqué la victoire. Les foules sont versatiles ; seul l’esprit de fatalité et de découragement des leaders garantit la défaite. Que n’a-t-on reproché à certains notables leur silence sur l’injustice faite aux faibles par d’effrayants puissants !
L’« homofiliation » étant un mensonge et une grave injustice, on doit les dénoncer. Le prix à payer pour avoir dit la vérité restera dérisoire au regard de celui qu’ont acquitté d’autres générations, contre d’autres injustices.
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