Une tribune parue vendredi 23 mars dans Libération, le député Jean Leonetti tente de lever les ambiguïtés de François Hollande sur la question de l’euthanasie.
Jean Leonetti rappelle que les efforts en faveur des soins palliatifs ont été extrêmement importants ces dernières années, même s’il reste encore beaucoup à faire. Il revient sur la loi fin de vie, votée à l’unanimité en 2005, qui affirme le droit aux soins palliatifs, l’exigence de soulager la douleur, le devoir d’accompagnement qu’ont les soignants et condamne toute forme d’acharnement thérapeutique. Nous sommes donc devant une alternative :
- soit poursuivre le développement des soins palliatifs, tout en soutenant la vie des plus fragiles,
- soit proposer un changement radical de société en suscitant l’injection létale comme alternative à l’accompagnement de la fin de vie.
« Quand la société accepte de donner la mort aux plus vulnérables, même à leur demande, elle va à l’encontre du principe même du droit à la vie qui est le fondement de nos valeurs » poursuit Jean Leonetti.
Il rappelle d’ailleurs que la plupart des pays européens « ont calqué leur loi sur les propositions françaises ». Il somme donc les socialistes de clarifier leur position, afin que le débat de société puisse être posé sur des bases honnêtes.
En effet, si François Hollande se positionne pour l’euthanasie dans la proposition 21 de son programme, il se refuse pourtant à la nommer clairement dans ses discours et ses prises de parole médiatiques. Avec à-propos, Jean Leonetti lui renvoie la célèbre formule d’Albert Camus : «mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde».
Du côté de Jean-Luc Mélenchon, par contre, c’est tout à fait clair : il est favorable à l’euthanasie. Il était même présent au Cirque d’hiver, ce samedi à Paris, dans un meeting organisé par l’ADMD, le lobby de l’euthanasie.
Autre candidate présente à ce meeting, Eva Joly. Contrastant avec Jean-Luc Mélenchon, son discours a montré plus de prudence et de compréhension des enjeux. Même si elle finit par acquiescer à l’euthanasie comme « ultime liberté ».
Pourtant, nous le savons bien, l’euthanasie n’est pas une liberté. Bien au contraire. Quelle est la liberté de celui qui se sent « de trop » ? Quelle est la liberté de celui qui souffre et qui n’est pas soulagé ? Quelle est la liberté de celui qui est éprouvé par la dépendance et pour lequel nos manques de délicatesse alourdissent l’épreuve ? Est-il libre, celui qui souffre de la solitude et que nous délaissons ? Même s’il le demande dans un moment de désespoir, donner la mort à son semblable restera toujours injuste. La piqure létale n’est pas une solution d’avenir, bien au contraire.
Claude Evin, ancien ministre socialiste de la santé, le rappelait récemment dans une tribune écrite avec le médecin Louis Puybasset (le Monde du 28 février) :
« La loi permet aujourd’hui de traiter toutes les douleurs, d’apaiser toutes les souffrances (…). Ce que l’on présente comme une idée progressiste, qui pouvait encore faire illusion dans les années 70, lorsque les moyens de lutte contre la douleur étaient limités et les médecins souvent enfermés dans la toute-puissance, est devenu un concept archaïque ».
Samedi dernier, en parallèle du meeting de l’ADMD au Cirque d’Hiver, Alliance Vita apportait un contrepoint plein d’espoir, sur le Parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro : 700 clowns portant les messages « solidaires des plus fragiles » et « soigner n’est pas tuer ». Ils réclamaient l’instauration d’une véritable « culture palliative ». Et plus de solidarité vis-à-vis des personnes malades, dépendantes et âgées. Car toute personne humaine reste toujours digne : digne d’être soignée, digne d’être aimée.