Rapport 2011 de l’Observatoire National de la Fin de Vie en a recensé 17 au cours de ces 25 dernières années. Une analyse comparative des sondages les plus récents montre que la façon de poser les questions a un impact très important sur les réponses des sondés.
1. Le sondage IFOP sur l’euthanasie
Dans un sondage IFOP, publié par Sud Ouest en octobre 2010, la question suivante est posée :
« Certaines personnes souffrant de maladies insupportables et incurables demandent parfois aux médecins une euthanasie, c’est-à-dire qu’on mette fin à leur vie, sans souffrance. Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? »[1. Expressions mises en gras par nos soins.]
94% des personnes interrogées ont ainsi répondu oui. Cette unanimité est rarissime dans les sondages ce qui doit nous conduire à considérer de manière critique le libellé de la question.
-
Le piège des mots
– La définition de l’euthanasie comme l’acte de “mettre fin à la vie sans souffrance” passe sous silence la violence que représente pour un médecin et l’entourage le fait de donner la mort. – Le qualificatif de « maladie insupportable » est sans appel. Comment supporter l’insupportable ? Ce «choix truqué» conduit de façon quasi-automatique à refuser ce qui est insupportable.
-
Le piège de l’absence d’alternative.
Aucune mention n’est faite des soins anti-douleur et de l’accompagnement en fin de vie. Pourquoi les sondés ne sont-ils pas informés de l’existence des soins palliatifs et de l’interdiction de l’acharnement thérapeutique ? Lorsque l’euthanasie est proposée en alternative non plus à de grandes souffrances mais à une prise en charge en soins palliatifs, les résultats des sondages sont bien différents.
2. Le sondage d’OpinionWay sur les soins palliatifs
Un autre sondage publié en janvier 2011 a posé plusieurs questions sur les soins palliatifs et l’euthanasie. Ce sondage indique que les Français connaissent mal les soins palliatifs, qu’ils ignorent très fréquemment que l’acharnement thérapeutique est interdit en France et qu’ils sont globalement défavorables à la légalisation de l’euthanasie. Ainsi :
“60% des Français préfèrent le développement des soins palliatifs à la légalisation de l’euthanasie.”
Ils sont même 73% parmi les personnes de 60 ans et plus. Plus d’un Français sur deux pense qu’il existe des risques de dérive : euthanasies de malades non consentants, pressions auprès des malades vulnérables (personnes âgées ou handicapées), raisons financières… Pour aller plus loin, une interview de Xavier Mirabel sur les sondages en matière d’euthanasie.