Recherche sur l’embryon : décrypter les annonces médiatiques

27/10/2011

Alliance VITA décrypte le tempo et le procédé des annonces faites par des laboratoires durant la révision de la loi bioéthique

Controverse sur l’utilisation d’embryons humains pour la modélisation de pathologie et de criblage pharmaceutique

A la veille de la discussion en première lecture au Sénat, en avril 2011, le professeur Peschanski, directeur scientifique de l’Institut I-Stem, dit être parvenu à identifier à partir de cellules embryonnaires humaines les mécanismes jusqu’alors inconnus de la dystrophie myotonique de Steinert, une maladie neuromusculaire d’origine génétique, ainsi que deux composés pharmacologiques potentiellement utiles dans son traitement. Il revendique alors la levée de l’interdiction de recherche sur l’embryon.

Pourtant, la modélisation d’une pathologie ainsi que le criblage de molécules d’intérêt pharmacologique nécessaire à la création d’un futur médicament sont l’indication principale des cellules souches induites dites iPS (reprogrammation de cellules adultes découverte en 2007)

Dans une tribune parue quelques jours plus tard, le 5 avril 2011 dans le Quotidien du Médecin, deux chercheurs Alain Privat, ancien directeur d’unité à l’INSERM, ancien directeur d’études à l’EPHE et Monique Adolphe, ancienne présidente de l’EPHE, ancienne présidente de l’Académie de pharmacie, parlent d’une annonce injustifiée et politiquement inopportune : « L’objectivité scientifique impose de relativiser de telles annonces. Elles enferment les patients, leurs familles, l’opinion publique, les médias et les responsables politiques dans une logique erronée, selon laquelle la recherche sur les maladies génétiques ne pourrait désormais progresser que grâce aux cellules souches embryonnaires humaines. En réalité, toutes les semaines, de nouvelles publications scientifiques prouvent que les cellules pluripotentes induites (iPS) peuvent être – et sont – utilisées par les chercheurs pour la modélisation de pathologies : aujourd’hui, alors que leur découverte ne remonte pas à plus de quatre ans, les iPS ont permis de modéliser un grand nombre de pathologies y compris des maladies de même type que la dystrophie myotonique de Steinert : anémie de Fanconi, syndrome de Rett, ataxie de Friedreich, progeria de Hutchinson Gilford, syndrome de Timothy, syndrome du long QT, et encore plusieurs maladies touchant le développement neuronal. Il en est de même pour le criblage de molécules, autre application utilisant actuellement des cellules souches embryonnaires humaines. Comme pour la modélisation, le criblage de molécules peut se faire de manière aussi efficace et probante avec des cellules iPS, et ceci sans avoir à détruire un embryon. (…) Cette annonce, intempestive par son calendrier et par sa nature, ne peut s’expliquer que par des préoccupations plus économiques ou idéologiques que scientifiques. Elle est en retard d’une guerre, et représente un danger réel pour l’avenir de la recherche sur les maladies génétiques et leur traitement, en faisant peser sur notre pays un handicap qui risque d’être irréversible».

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