Ils sont des centaines chaque année, victimes de ce drame du premier âge. Ils n’ont fait pourtant qu’exprimer leur détresse, de la manière la plus naturelle du monde : par des pleurs. Mais voilà, les pleurs ne cessent pas. Les parents ne trouvent pas la réponse appropriée. Ils ont tout essayé, mais ce fichu môme ne veut rien comprendre. C’est insupportable, ils n’y tiennent plus, ils le secouent pour le faire taire : il va bien comprendre à la fin ! La conséquence est dramatique : lésions cérébrales, hémorragies, ou même la mort.
Ces parents font figure de monstres irresponsables. Reconnaissons plutôt que la fragilité de l’enfant a révélé la fragilité plus grande encore de l’adulte : pas seulement celle de ses tympans ou de ses nerfs, mais ce constat d’impuissance face à la détresse qui ne trouve pas de réponse. Les pleurs du bébé sont un appel impérieux et viscéral à trouver une solution. Lorsqu’ils se prolongent, ils se transforment en douloureuse accusation. Pour y résister, il faut être conscient du bien supérieur de l’enfant, et bien savoir ce qui peut être fait ou pas. Sinon, la réponse est dramatiquement inappropriée.
A l’autre bout de la vie, face à la grande dépendance et aux fins de vie difficiles, notre société se trouve aussi bien démunie. Face à la fragilité de la personne souffrante, se trouvent d’autres personnes fragiles : les proches et le personnel médical. La tentation peut être grande alors, poussé par une compassion impérieuse, de faire taire la souffrance en abrégeant la vie. Est-ce la réponse appropriée, ou un geste désespéré qui révèle nos limites ? A l’heure des débats répétés sur l’euthanasie, le syndrome du bébé secoué laisse planer sur notre société la menace d’un écrasant sentiment de culpabilité.
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