La virginité scandaleuse ?
Où vient donc se cacher la discrimination ? Si l’on en croit les Cassandre, elle serait partout. Il faut dire que, dans notre monde politiquement correct mais sans repères, l’argument de la discrimination est utilisé par tous les communautarismes.
Tenez, par exemple, la toute dernière campagne d’associations féministes qui partent en guerre contre le mot « mademoiselle ». Pour ces associations, qui exigent la disparition de la case « mademoiselle » sur tous les formulaires administratifs », on imposerait par ce terme une « identité en fonction de l’âge ou du statut matrimonial ». Pourtant … le langage courant, lorsqu’il appelle une jeune fille ou une femme « mademoiselle », ne semble pas si discriminant…
Ça devient quand même compliqué ! Pour certains, il faudrait supprimer mademoiselle pour ne garder qu’homme ou femme. Pour d’autres, les théoriciens du « genre », se limiter aux catégories homme et femme est inacceptable et discriminant envers ceux qui préfèrent se croire indéterminés ou envers les transsexuels.
Disons-le tout net : à ce jeu là, on ne va pas y arriver. Chaque expression, chaque mot peut être considéré comme discriminatoire. Il ne s’agit plus alors de respecter les personnes mais plutôt de respecter les règles non écrites de la police de la pensée qui se met en place et qui exige notre allégeance.
Sur un autre sujet : la semaine dernière, nous parlions des grossesses adolescentes et nous dénoncions la proposition d’une contraception anonyme et gratuite et d’une éducation sexuelle très précoce qui risquent de précipiter les adolescents dans une sexualité juvénile et immature.
Israël Nisand, le médiatique et transgressif gynécologue Strasbourgeois, propose donc, au prétexte de limiter les avortements chez les mineures, de remettre en cause la politique du « tout pilule » pour promouvoir chez les plus jeunes l’implant contraceptif.
Il s’agit d’un bâtonnet de quelques centimètres de long, implanté sous la peau, qui libère en continu une hormone contraceptive et bloque ainsi l’ovulation. L’implant est efficace pendant trois ans. D’après l’OMS, son efficacité serait de 99 %.
Même si sa tolérance apparaît comme médiocre, voilà donc le contraceptif idéal pour ses zélateurs : idéal parce qu’inconscient. En effet, le problème, avec la pilule, c’est qu’il faut y penser.
Pour justifier cette nouvelle fuite en avant dans la culture contraceptive, on connaît l’argument de l’efficacité et de la simplicité technique. Il serait recevable s’il n’y avait pas des enjeux éthiques sous-jacents.
On sait que la politique du tout contraceptif échoue depuis des décennies à réduire le nombre d’avortement. L’argument, pour justifier l’implant contraceptif, de vouloir diminuer le nombre d’avortements semble donc peu pertinent.
Reste donc l’argument ultime, celui de la « dé-conscientisation » de la contraception. Il est quand même inquiétant de vouloir bâtir une politique publique sur la déresponsabilisation et donc l’instrumentalisation des personnes.
Il y a en tout cas un point commun entre la campagne anti-mademoiselle et la fuite en avant contraceptive qui encouragera, qu’on le veuille ou non, à une sexualité très précoce : la virginité apparaît aujourd’hui comme une anomalie voire même un scandale.
Raison de plus pour saluer les demoiselles !