Bébé médicament en cours d’étape pour la loi bioéthique

15/02/2011

Ce mardi 15 février, nos députés devraient voter en fin de journée la loi bioéthique, à l’issue d’une discussion animée la semaine dernière.

Tout a commencé avec une grossière manipulation : l’annonce de la naissance d’un bébé-médicament à la veille de l’ouverture du débat parlementaire. La concordance des dates n’est pas le fruit du hasard et cache évidemment un coup publicitaire qui visait à peser sur les parlementaires. L’émotion suscitée par la naissance et l’intention affirmée de soigner devant faire tomber les éventuelles réticences devant les « prouesses » médicales.

Se réjouir de cette naissance ne peut pourtant faire oublier les 25 embryons qui ont été volontairement créés, triés puis détruits par la technique. Manipulation de l’information, tri d’êtres humains selon leurs caractéristiques biologiques, tout cela ne sonne pas très juste, c’est le moins qu’on puisse dire.

C’est d’autant plus contestable qu’il existe une alternative éthique et démocratique à ces manipulations : l’utilisation du sang de cordon. La France est en retard mais les nouvelles dispositions législatives devraient heureusement débloquer la situation.

Concernant l’assistance médicale à la procréation, comme prévu, l’anonymat du don de gamètes a été maintenu et certains aspects techniques de ce don ont été élargis : vitrification des ovocytes ou don par des adultes n’ayant pas encore procréé. Le transfert post-mortem d’embryon sera autorisé. Ces poussées visant à favoriser l’AMP, pratique en elle-même déjà discutable, vont ajouter à la confusion des repères et aux dérives éthiques. Les amendements qui visaient à réduire le nombre d’embryons congelés ont été repoussés

Les parlementaires n’ont pas cédé à la surenchère sur les questions des mères porteuses et de l’accès aux diverses techniques de procréation pour les personnes seules et les couples homosexuels.

La recherche sur l’embryon a été fortement débattue. Les amendements visant à interdire cette recherche qui détruit cet embryon humain ont été repoussés. Elle demeurera toutefois proscrite dans son principe, mais les dérogations seront larges. Si l’on peut analyser positivement sur le plan symbolique le maintien de l’interdiction, le résultat est pernicieux puisque les dérogations ruineront l’interdit.

Point positif : le rapport annuel de l’Agence de biomédecine devra comporter un bilan comparatif entre les recherches sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires et les recherches sur les cellules souches adultes et les cellules pluripotentes induites.

Autre satisfaction : il a été créé une clause de conscience pour les chercheurs et le personnel médical concerné par des recherches sur les embryons humains.

Jeudi 10, le débat a fait rage sur les questions de diagnostic prénatal. Malgré la prise de conscience de la dérive eugénique Française, c’est désormais une obligation légale qui pèsera sur tous les médecins de proposer les examens de diagnostic prénatal à toute femme enceinte.

Des associations se sont mobilisées pour dénoncer l’aggravation de la pression eugénique que fera peser le nouveau texte. L’Alliance pour les Droits de la Vie a même organisé une mini-manifestation devant l’assemblée vendredi dernier sur le thème « tous génétiquement incorrects ». L’inquiétude des 25000 signataires de sa pétition a ainsi pu être traduite aux parlementaires. Avec un message qui pourrait être un résumé des enjeux de la bioéthique : « il n’appartient pas à l’homme d’accorder des brevets d’humanité ! »

Les débats auront duré jusqu’à 4h du matin ce 11 février. Sur pratiquement tous les sujets, la ligne de fracture se situe entre ceux qui mettent en avant les aspirations des adultes aboutissant à une sorte de « droit à l’enfant », et ceux qui donnent la priorité aux « droits de l’enfant » et au respect de l’embryon.

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