Il y a quelques mois, Roselyne Bachelot avait annoncé sa décision de supprimer la transsexualité de la liste des affections psychiatriques. C’est maintenant chose faite avec un décret publié le 10 février 2010, quelques jours avant la remise d’un rapport de la Haute autorité de santé sur ce sujet.
La transsexualité se caractérise par la croyance d’appartenir à l’autre sexe, ce qui entraîne la revendication que le corps soit transformé en conséquence. Les personnes concernées peuvent entamer un parcours psychiatrique, une manipulation hormonale, puis éventuellement une chirurgie, qui transforme l’aspect intime, au prix d’une mutilation définitive et d’une fonctionnalité très douteuse sur les plans sexuel et urinaire. Parcours qui peut aller jusqu’au changement d’état civil. Tout ceci ne changeant évidemment pas les chromosomes qui restent ce qu’ils sont.
Les associations militantes avancent le chiffre – invérifiable mais certainement surévalué – de 50.000 Français concernés. Il y aurait en France une centaine d’opérations de changement de sexe chaque année. Certains notent que la médiatisation du transsexualisme inciterait les candidatures de personnes à l’identité sexuelle fragile…
S’il s’agit d’un phénomène tout-à-fait marginal, il n’en reste pas moins préoccupant, comme symptome d’une évolution sociale.
La France devient donc le premier pays du monde à décréter que les transsexuels ne souffriraient pas d’une maladie mentale. Première mondiale aussitôt qualifiée d’ « historique », par le porte-parole de l’Interassossiative lesbiennes, gay, bi et trans.
Certains hommes politiques de gauche et intellectuels se réjouissent d’un geste qui serait un signe de tolérance.
Un enthousiasme un moment pondéré par l’association Transgenre, qui a suspecté le gouvernement de vouloir « dé rembourser » le coûteux parcours psycho-médico-chirurgical des personnes transsexuelles. Le ministère de la Santé s’est empressée de démentir et d’assurer que le traitement resterait à la charge de la Sécurité sociale. Quelle confusion …
Mais, au fond, si cette décision du Ministre, avant tout politique et symbolique, pose problème, c’est parce qu’elle n’est peut-être pas si respectueuse de ces personnes qu’elle en a l’air. En effet, ne plus reconnaître la maladie, disent certains, cela enferme ces personnes dans leur souffrance. Comme si elle était inéluctable.
Le problème, c’est que la transsexualité est devenue un cheval de Troie de ceux qui entendent déconstruire le modèle familial traditionnel, soupçonné d’exclure les personnes qui ne se sentent pas en conformité avec leur anatomie.
Les théoriciens du Gender voudraient inculquer, dès la maternelle, qu’on ne naît pas homme ou femme, mais qu’on le choisit. Ou bien – et là réside une ambiguïté notable – qu’on serait obligé de se conformer à ce qu’on ressent.
On ne naîtrait pas garçon ou fille. Il faudrait laisser à chacun le temps de déterminer s’il se sent homme ou femme puis quel sexe l’attire chez autrui, à l’instant T. On pourrait donc être un homme qui ressent qu’il est une femme et se fait opérer puis qui revendique d’aimer les femmes.
S’il faut lutter contre les stigmatisations offensantes de personnes en grande souffrance, le caractère pathologique d’un trouble identitaire ne saurait être effacé d’un coup de gomme ministérielle. C’est de la mauvaise politique qui se retourne contre les intentions affichées et qui fait le jeu d’une idéologie dangereuse.