Des scientifiques s’alarment dans un éditorial publié par l’European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology du nombre d’enfants nés par fécondation in vitro (FIV) en Europe : plus de 1,4 million de bébés depuis 1997. Selon eux, le recours à cette forme de procréation médicale assistée (PMA) est en constante augmentation. Ils parlent d’un véritable « paradoxe européen » : une demande croissante de FIV malgré une fertilité biologique qui serait stable.
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cette augmentation. Si le recul de l’âge maternel, en est une, il y aurait aussi la modification par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2008 de la définition de l’infertilité, dont le diagnostic peut désormais être posé au bout d’un an, au lieu de deux précédemment. Autre raison et non des moindres : les auteurs évoquent la mise en place d’un « réel marché » de la PMA en Europe : « Comme il est d’usage dans les affaires, l’offre et la promotion créent la demande, qui à son tour génère plus d’offre. Ce processus de commercialisation a probablement beaucoup contribué à la tendance à l’augmentation du recours à la FIV ». Ils dénoncent aussi le contenu de certains sites internet qui laissent croire que l’arrivée d’un bébé est toujours possible, voire qui proposent des stratégies « satisfait ou remboursé »
Cette alerte fait un écho à celle de spécialistes britanniques, hollandais et australiens qui en 2014 faisaient le même constat dans la revue British Medical Journal. Pour ces spécialistes de la PMA : la FIV est devenue une « industrie génératrice de profits ». Dans cette publication, ils alertaient sur un élargissement démesuré du recours aux FIV, y compris parfois en cas de chance raisonnable de conception naturelle ou encore en l’absence de justification précise. Les auteurs appelaient de leurs vœux la définition de lignes directrices et la mise en œuvre de bonnes pratiques.