Hausse continue des euthanasies aux Pays-Bas en 2016

21/04/2017

Le rapport annuel des commissions régionales de contrôle de l’euthanasie néerlandaise a rendu public le nombre d’euthanasies pratiquées en 2016. En hausse de 10% encore, ce chiffre a triplé depuis la légalisation en 2002.

6091 cas ont été déclarés, soit 575 de plus que l’année précédente, représentant 4 % du nombre total de décès aux Pays-Bas.  216 sont répertoriés comme suicides assistés (le patient s’administre lui-même la dose létale). Les Pays-Bas enregistraient moins de 2000 euthanasies en 2002, environ 4000 en 2012, et 2000 de plus en 2016.

L’Institut européen de bioéthique a analysé en détail les évolutions selon les pathologies, soulignant l’augmentation des euthanasies pour des personnes démentes, souffrant de troubles psychiatriques ou de multiples pathologies dues à l’âge. 

Le droit néerlandais dispose que la demande d’euthanasie ne serait recevable que dans les cas où le patient souffre de manière insupportable et sans perspective d’amélioration, et si le patient a « mûrement réfléchi » cette demande. Pourtant, malgré ces critères, on déplore l’euthanasie de personnes souffrant de pathologies variées, notamment de cas de troubles psychiatriques. Face à cette dérive, une pétition a déjà été signée, en une semaine, par 350 médecins néerlandais qui refusent l’euthanasie pour les personnes démentes. A l’automne dernier, les Pays-Bas ont discuté une loi autorisant l’aide au suicide pour les personnes âgées qui ont le sentiment d’avoir « accompli » leur vie, même si elles sont en parfaite santé.

Plusieurs partis de l’opposition ont critiqué le projet de loi, craignant qu’un éventuel texte conduise à « une pression sur les autres personnes âgées qui vont se sentir de trop dans la communauté ». Certains Néerlandais éprouvent la même inquiétude évoquant « les personnes fragiles, solitaires, désespérées ». Le Professeur Theo de Boer, un universitaire néerlandais, défenseur de la loi sur l’euthanasie a complètement changé de cap. Il regrette la multiplication des cas de suicide assisté dans son pays ; il déplore aussi que l’euthanasie concerne de plus en plus de catégories de malades, y compris les personnes atteintes de démence et de dépression. “Légaliser le suicide assisté est une pente glissante vers une pratique généralisée de meurtres de personnes malades“.

Rappelons que le Comité des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiété, dès 2009, du nombre élevé de cas d’euthanasies et de suicides assistés, demandant instamment aux Pays-Bas de réviser leur législation.

Pour Alliance VITA,  les dispositions mises en place en 2002, sont régulièrement sujettes à interprétations, et les quelques digues sont en train de sauter les unes après les autres. Face aux surenchères de demandes et revendications, la société hollandaise commence à réagir. Il est indigne d’une société de n’avoir que le suicide à proposer comme solution aux difficultés des personnes.

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